UN FOSSÉ À COMBLER
Ce n’est pas d’hier que la Corse est coupée en deux. Mais le fossé se creuse un peu plus chaque jour entre les soi-disant conservateurs et les prétendus progressistes. De part et d’autre on continue de se regarder en chiens de faïence et chacun creuse les tranchées virtuelles d’une guerre dont personne ne se hasarde à prédire la fin. Ce n’est pas nouveau. Depuis l’aube des temps les chers compatriotes se sont affrontés pour un oui pour un non, laissant souvent le pays exsangue, obligé pour éviter la famine de tendre la main par delà la mer à des pourvoyeurs intéressés. Aujourd’hui, Dieu merci, famine et disette ne sont que rappels historiques pour exiger un rattrapage éponyme et les pourvoyeurs, depuis longtemps, se sont résignés à seulement pourvoir. Restent les dissensions toujours aussi vives que jadis, certes moins sanglantes (encore que…) mais génératrices d’une violence endémique, impossible à éradiquer malgré les multiples appels à la paix, si disparates que leur synchronisation et par là même leur efficacité est pratiquement impossible. Faudra-t-il dés lors perdre tout espoir et accorder quelque crédit à la sinistre prophétie (« Corsica non avrai mai bene ») lancée, il y a des siècles, par un pessimiste irréductible ? Ou croire à la possibilité d’une nouvelle Corse enfin débarrassée de ses sempiternelles contradictions ? Il faudra sans doute attendre les prochaines élections, pardon les prochains affrontements, pour tenter de trouver une porte de sortie. Si d’ici-là elle ne vole en éclats sous la poussée d’une bombe dont on reconnaîtra plus tard qu’elle avait été déposée là par erreur.