LES ATTRAPE-NIGAUDS
Tous les hebdomadaires parisiens, les grands et les petits, semblent s’être donné le mot pour consacrer leur première page à la Corse. Et mettre en relief « L’île de Beauté » et ses paysages à couper le souffle, et souligner les multiples richesses de sa faune et de sa flore dont certains spécimen sont uniques au monde. Ou valoriser son peuple dont l’intrépidité fait merveille. Tout çà sur de pleines pages polychromes de façon à capter instantanément le regard et le « scotcher » le plus longtemps possible. On aura donc tout vu dans ces hebdomadaires et même « ces Corses qui comptent » alors que la plupart ne comptent que pour du beurre. Sans oublier le « bandit d’honneur » emprunté aux visions mériméennes afin de donner le frisson aux belles touristes en mal de romantisme. Il y en a donc eu pour tous les goûts et Dieu sait si on a tenté de rendre la Corse la plus goûteuse, possible y compris dans sa cuisine « identitaire » dont les recettes on été spécialement choisies dans l’intention d’aiguiser l’appétit du villégiateur. Pourtant, on ne tardera pas à se rendre compte que toutes ces affriolantes éditions ne dépassent pas les limites de la région. Ailleurs les « unes » annoncent des sujets bien différents et ceux qui ont pensé que toutes ces mises en scène allaient faire le tour de France devront, tôt ou tard, se rendre compte de leur erreur. Car elles ne constituent qu’un attrape-nigaud pour vacanciers de passage afin de leur faire croire qu’ils ont choisi la bonne destination. Tout en flattant l’ego des Corses qui sont eux aussi des lecteurs, donc des acheteurs, potentiels. Et occasionnellement des nigauds.