Accueil du site > Societe > L’édito d’Aimé Pietri
 

L’édito d’Aimé Pietri

jeudi 30 juin 2011, par Journal de la Corse

CHEF D’ŒUVRE EN PÉRIL

Ce n’est pas d’hier que le patrimoine gastronomique de ce pays est un chef d’œuvre en péril et qu’il risque de disparaître à court terme alors que la cuisine traditionnelle part en lambeaux au bénéfice d’on ne sait quel « fast food » venu tout droit du congélateur. On aurait pu espérer que sa spécificité allait être un des fers de lance du tourisme. Elle a été, au contraire, progressivement délaissée au prétexte qu’elle pouvait heurter le palais du villégiateur. Celui-ci, pourtant est surtout séduit par la différence et se régale de mets qu’il ne trouve pas chez lui. La cuisine corse, il est vrai, exige les produits du terroir et ceux-là, malheureusement, ne sont plus ce qu’ils étaient. On s’en rend facilement compte en goûtant le brocciu, par exemple, désormais élaboré sans respect de la tradition, ou la charcuterie faite le plus souvent avec des porcs importés, les légumes cultivés sous serre hors la Corse et jusqu’au pain dont l’insipidité attriste. Les gourmets ont bien raison de s’inquiéter car si quelques tables restent encore recommandables bien qu’elles soient réservées à des gastronomes argentés, les autres en sont réduits à faire mijoter chez eux quelques « tiani » après en avoir cherché longtemps les ingrédients. Et ce n’est pas avec des dépliants vantant la marmite locale que l’on sauvera ce patrimoine en perdition. C’est dans l’assiette et là seulement que la bataille sera gagnée. Si tant est qu’elle puisse l’être. Dés l’instant où les saveurs d’hier ont aujourd’hui de bien difficiles recompositions.

Répondre à cet article