Le train de l’histoire
De nouvelles secousses dans la déjà longue histoire du chemin de fer corse, « U trinnighellu », comme on dit non sans une pointe de sympathies, soulignant que le vocable rappelle combien il fut autrefois cahotant. Lancé sur une voie étroite, à la fin du XIXe siècle, il traça néanmoins sa route avec des hauts et des bas, plutôt des bas, alors que sur le continent ses homologues suivaient le fil du progrès pour parvenir jusqu’aux TGV actuels, synonymes de vitesse et de confort. Ici la voie, toujours étroite, a fait que la vitesse est restée celle du début et qu’il faut encore trois bonnes heures pour aller d’Ajaccio à Bastia dans d’approximatives conditions de confort. La SNCF, bénéficiaire, pendant plusieurs années, de la délégation de service public n’a rien fait pour améliorer les choses tout en demandant toujours plus, jusqu’au moment où l’on a considéré à la CTC que le prix exigé était devenu tout simplement exorbitant. Ce qui a amené le Conseil exécutif à chercher une solution moins coûteuse. Il s’agirait, a expliqué Paul Marie-Bartoli, le président de l’Office des transports, de créer, pour l’exploitation des CFC, une société d’économie mixte dont la Collectivité territoriale serait l’actionnaire majoritaire. La SNCF pendra donc le large le 31 août prochain, date à laquelle prendra fin la délégation de service public qui lui avait été confiée, mais le train ne devrait pas s’arrêter pour autant. Il continuera de rouler sous d’autres couleurs et avec une autre direction. On espère que le changement sera bénéfique et que le souhait que nous formons dans ce sens dépassera largement les limites du vœu pieux.