La campagne électorale s’achève sur un constat paradoxal : la Corse est la seule région de France à avoir basculé à droite alors qu’elle est celle qui a le plus besoin du soutien du pouvoir continental. Mais le résultat global porte en lui le changement à venir marqué par la poussée autonomiste. Mais, à terme, faute de moyens, la Corse est aussi le lieu où nous allons devoir opter pour une économie de proximité contre une économie de distance, pour l’excellence innovante contre la médiocrité philoparisienne faute de quoi nous raterons une fois encore un rendez-vous avec l’histoire, avec notre propre histoire.
La fin d’une phase pas d’un système
Qui peut croire qu’après deux mille ans de système clientélaire, la Corse va réussir ou tout simplement vouloir tourner cette attitude parasitaire, notamment dans la période de crise aiguë que nous subissons ? Ma conviction est que d’ici une décennie ceux qu’on désigne aujourd’hui encore comme les nationalistes tiendront les rênes de la Corse. Mais ils devront répondre, comme leurs aînés aux demandes, voire aux exigences d’un électorat qui désirera plus que jamais voir ses enfants casés dans l’administration et qui fera appel (comme d’habitude ou plus que jamais ?) à la débrouille et au piston. Ceux qui seront élus le seront parce qu’ils auront répondu positivement à ces demandes et qu’ils s’engageront à perpétuer le système claniste. Il existe une autre voie que celle qui consiste à toujours tout mendier à Paris. Mais il va nous falloir apprendre à favoriser la proximité plutôt que la distance, à faire confiance à notre voisin plutôt qu’à un inconnu lointain, à consommer local (et peut-être un peu plus cher mais meilleur) plutôt qu’à préférer les denrées venues de l’autre bout de l’Europe ou du monde. Une telle attitude permettra de recréer un tissu social et humain qui est le fondement de toute société vivante.
Privilégier le local
Ce pari de la proximité est évident : nous ne devrions pas accepter que notre île, faiblement peuplée et par voie de conséquence ouverte aux logiques de voisinage, soit devenue un lieu de spéculation en tous genres. Le coût de la vie est ici exorbitant pour celles et ceux qui y habitent à l’année. Les grands groupes commerciaux profitent de leur situation quasi monopolistique pour se nourrir sur la bête. Le groupe Leclerc, qui se vantait de faire baisser le coût de la vie, pratique aujourd’hui des prix comparables à ceux de ses concurrents. Pourquoi ne pas créer des coopératives alimentaires et se fournir chez nos voisins les plus proches à savoir les Italiens ? Et pour tout ce qui peut être produit sur place, nous devons nous imposer d’acheter local en demandant évidemment aux producteurs de jouer le jeu.
Penser pour son île et pour la planète
Ce n’est pas se replier sur soi que de porter cette exigence de proximité. Au contraire, cela contribue à sauver sa propre société en même temps que la planète. Il est catastrophique de consommer des fraises d’Argentine en Corse ou encore d’offrir des fleurs de Chine ou du Nigeria. Je fais le pari que la politique va également suivre cette tendance. Les élus qui continueront de ne jurer que par le centre c’est-à-dire par Paris finiront par être éliminés tout simplement parce que, crise oblige, cela ne correspondra plus aux possibilités de la situation. L’argent public va se raréfier et il n’existera qu’une solution pour pallier ce manque : la solidarité et le changement de nos habitudes d’achat. Il va falloir mettre un terme au consumérisme débridé et apprendre à vivre selon les besoins de notre communauté et plus simplement en fonction de nos désirs égoïstes. La Corse se tiermondise et le gouffre qui sépare les plus riches des plus pauvres (et qui n’a rien à voir avec l’origine des uns et des autres) va devenir insupportable et générer du désordre. Alors un peu de réflexion et de sagesse.
GXC