La récente mésaventure du nouvel ambassadeur en Tunisie qui a traité les journalistes locaux comme de vulgaires chaouchs avant de devoir s’excuser publiquement, démontre que la vieille arrogance française, n’est pas morte.
Un ambassadeur pied-rouge
Le nouvel ambassadeur en Tunisie, Boris Boillon, a péché par arrogance. Sa lamentable prestation journalistique, a montré une fois de plus que la vieille arrogance française, n’est pas morte. Pourtant cet homme jeune est issu d’un milieu d’extrême-gauche. Ses parents ont rejoint l’Algérie après l’indépendance afin de prêter leur concours à la nouvelle république tout juste sortie de la lutte d’indépendance. On a nommé ces femmes et ces hommes les pieds-rouges. Il a appris l’arabe et avait été en poste dans divers pays arabophones et occupait le poste d’ambassadeur en Irak. Néanmoins, cet homme a été capable de se comporter comme un grossier personnage et surtout démontrer combien la prétention française pouvait faire fi des situations. Car, enfin, quand on arrive en plénipotentiaire dans un pays en révolution, que sa ministre de tutelle a multiplié les boulettes jusqu’à ridiculiser sa fonction, on doit savoir faire preuve d’humilité. Mais voilà, colonialistes ou anticolonialistes les Français ont gardé des temps monarchiques, l’idée qu’ils portaient eux une vérité qu’eux-seuls connaissaient tour à tour rattachée à la grandeur de la royauté puis à celle des droits de l’homme.
L’Afrique et le Moyen Orient en flammes
La France perd année après année son influence sur son ancien empire à cause de ses erreurs répétées dont l’origine réside en grande partie dans sa croyance à croire que rien ne changeait sur le vaste continent africain. Elle a continué de soutenir des dictateurs qui tenaient le pouvoir grâce à l’appui hexagonal tandis que le monde changeait. Ainsi les Américains, soutenus par les Israéliens et les Britanniques, ont appuyé les forces montantes en Afrique occidentale qui ont mis à bas les Mobutu et consorts. On aurait tort de croire que les conflits atroces qui secouent l’Afrique n’ont pour cause que les rivalités ethniques. C’est aussi les signes d’une mutation stratégique dans le monde. Les Tutsi et leurs semblables, présents au Rwanda, au Burundi et en Ouganda, amènent avec eux une vision moderne de l’Afrique, basée sur le libéralisme. Ce n’est certainement pas mieux que la domination postcoloniale, mais c’est hélas l’avenir. Les grandes puissances mondiales se disputent les richesses minières de ce vaste continent. Les Chinois, les Russes, les Anglo-saxons, ont entamé la guerre du 3e millénaire en s’appuyant sur des Africains pleinement conscients de la propre puissance. Or la France continue de raisonner d’une manière identique à celle qu’elle avait en 1945.
L’épidémie du jasmin
La révolution commencée en Tunisie, n’en finit plus de s’étendre. Elle a trois caractéristiques. La première est son caractère social. Elle a débuté avec l’augmentation des denrées alimentaires causées par la spéculation. Ce sont souvent des jeunes issus des classes moyennes en voie de paupérisation qui affrontent dans la rue les forces de l’ordre. Les revendications religieuses passent au second plan contrairement à ce qu’affirmaient les puissances occidentales lorsqu’elles justifiaient leur soutien aux dictateurs. La deuxième caractéristique est sa modernité technologique. Les premiers signes de révolte commencent avec la publication sur internet des notes américaines produites par Wikileaks. Ces messages diplomatiques mettent en exergue la richesse inouïe des dictateurs tandis que leurs sujets meurent de faim. Elles soulèvent la question du cynisme diplomatique des dites grandes puissances. Enfin ces révoltes ont utilisé comme outils de lutte internet et les téléphones portables au point que les Chinois s’en sont émus et ont supprimé tout site qui ferait référence au terme de « jasmin » utilisé pour qualifier la révolution tunisienne.
Le mal français
La contagion révolutionnaire gagne des régimes tels que la Lybie, les émirats. Quelque chose s’est mis en marche qui ne s’arrêtera pas. Le danger pour la France et l’Italie, c’est-à-dire l’Europe méditerranéenne, est de vivre de pareils mouvements. La Grèce est d’une certaine manière touchée. En France, les corps constitués qui forment l’ossature de l’état, la magistrature, les forces de répression, l’éducation nationale, les médecins et maintenant la diplomatie se rebellent contre le pouvoir central qui chaque jour, démontre un peu plus son amateurisme. Cela pourrait très bien déboucher sur une colère générale dont nul ne connaît l’issue : récupération par l’extrême-droite, changement de régime ? etc. Car l’arrogance française est extérieure mais aussi intérieure. La nouvelle aristocratie qu’elle soit de gauche ou de droite n’a jamais été autant coupée des réalités de son peuple qu’aujourd’hui. En France cela se traduit toujours par la fin d’une république et l’instauration d’un pouvoir fort.
GXC