Les détenus de l’ETA ont annoncé leur intention d’adhérer à l’accord de Guernica, qui l’an dernier avait demandé la fin des attentats de l’organisation basque armée, aujourd’hui très affaiblie. Le Collectif des prisonniers et prisonnières basques "a fait connaître sa décision de rejoindre l’accord de Guernica". Les clandestins corses vont-ils être les derniers à déposer les armes.
L’accord de Guernica
La majorité des 700 détenus de l’ETA "ont rejoint des dizaines de forces politiques, syndicales et sociales basques pour susciter un scénario de paix et des solutions" au Pays basque, est-il précisé dans le communiqué des détenus. Présenté dans la ville basque espagnole de Guernica le 25 octobre 2010, l’accord demandait à l’ETA "un cessez-le-feu permanent, unilatéral et vérifiable par la communauté internationale, comme expression de la volonté d’un abandon définitif de la lutte armée". Le texte avait été signé par plusieurs partis de la gauche indépendantiste, syndicats et mouvements nationalistes. Le choix de la ville de Guernica n’est pas dû au hasard. Gernika-Lumo, (son nom officiel en basque) est une municipalité et une ville de la province de Biscaye, située dans la Communauté autonome du Pays basque, en Espagne. Le 26 avril 1937, les aviateurs de la légion Condor, envoyée par Hitler afin de soutenir le général Franco, la détruisent. C’est en fait un avant-goût du conflit mondial que le dictateur nazi prépare en secret. Or aucune des grandes nations européennes ne proteste. L’année suivante la Tchécoslovaquie est attaquée. À Munich, la Grande Bretagne et la France se couche devant Hitler. Ce bombardement a inspiré le célèbre Guernica de Pablo Picasso mais aussi le sculpteur René Iché et le poète Paul Éluard. Le 10 janvier 2011, ETA avait annoncé un cessez-le feu « permanent, général et vérifiable », ce qui correspondait à une réponse à l’appel dit « Déclaration de Bruxelles », signée par différentes organisations internationales, et à l’« accord de Guernica », signé par les principales forces de la gauche abertzale, qui appelaient ETA à franchir ce pas. Dans ce communiqué, l’organisation se donne pour objectif d’obtenir la « fin de la confrontation armée » au Pays Basque
Un vaste débat parmi les prisonniers
Selon le collectif de détenus, l’accord est devenu "la référence" permettant d’avancer vers une solution pacifique du conflit basque. "Par-delà les obstacles mis par les États qui nous retiennent prisonniers" (c’est-à-dire l’Espagne et la France), le collectif "exprime son ferme engagement à œuvrer pour avancer dans le processus démocratique". Les détenus ont pris cette décision après plusieurs mois de débats depuis leurs prisons, où ils avaient reçu le texte des mains de partis indépendantistes basques. Selon des sources de la lutte antiterroriste, citées par le quotidien El Pais, seuls 10% des détenus, tenants de la ligne la plus dure, restent critiques envers l’accord.
Une chance pour la paix
Le succès des nationalistes radicaux aux récentes élections est ambigu. Car il était basé sur l’accord de Guernica et impose donc à L’ETA, aujourd’hui affaiblie, de réellement abandonner les armes. Mais les nationalistes veulent que ce geste historique soit accompli dans ces conditions honorables. Il va vraisemblablement exigé des concessions de la part des autorités espagnoles pour ce qui concerne les prisonniers. Une telle évolution interpelle directement ce qui reste de la clandestinité corse elle aussi terriblement affaiblie. Car ce qui préoccupe aujourd’hui les Corses ce n’est plus une question de statut mais bien le marasme économique, la situation de l’emploi et la pauvreté grandissante. Dans de telles conditions, les clandestins corses feraient bien de réfléchir à l’exemple basque afin de ne pas se retrouver totalement isolé.
GXC