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Jean-Jacques Panunzi : la droite du terroir

jeudi 16 février 2012, par Journal de la Corse

Tout en assumant son appartenance à la droite, Jean-Jacques Panunzi impose une image d’implication et de rigueur dans l’action qui permet de plier sans rompre quand souffle l’aquilon.

Le Conseil général de la Corse du Sud est présidé par Jean-Jacques Panunzi (UMP) depuis 2006. Il comprend 22 conseillers généraux dont 12 constituent une majorité et permettent à la droite d’administrer le département. L’an passé, sur fond de vague rose lors des élections cantonale, et comptant sur un effet domino suite à la victoire de la gauche lors des élections territoriales de 2011, certains ont espéré mettre à mal la majorité du Président Panunzi. Ils en ont été pour leurs frais. La perte d’un canton ajaccien et de celui de Bonifacio, ainsi que la défaite de Camille de Rocca Serra à Porto-Vecchio, n’ont pas suffi à inverser le rapport de force départemental. Jean-Jacques Panunzi a conservé la présidence. La tentative de susciter une nouvelle majorité associant les huit conseillers généraux de gauche, les deux nationalistes et d’éventuels transfuges, a très vite fait long feu. Cette opération qui aurait pu aboutir à la constitution d’une majorité composite à l’exemple de celle gauche/droite administrant le département de la Haute-Corse, a certes été « plombée » par l’influence d’un élu de gauche ayant peu prisé la perspective de siéger au sein d’une majorité qui aurait compté deux nationalistes.

Implication et rigueur

Toutefois, la personnalité du président et son action ont également beaucoup pesé. Tout en assumant son appartenance à la droite, Jean-Jacques Panunzi impose une image d’implication et de rigueur dans l’action. Ce qui lui vaut de la considération et de l’estime bien au-delà de son propre camp. Il est vrai qu’il a fréquenté deux bonnes écoles : celle des parachutistes puis celle du retour en Corse en milieu rural et de la gestion d’une entreprise familiale. Le récent débat d’orientation budgétaire a encore renforcé cette image. Le discours tenu a été celui de la vérité. Il a été décrit une collectivité départementale qui, étant confrontée à la crise, doit se montrer économe et se donner des priorités fortes au moins pour trois raisons : faire face à un gel des dotations de l’Etat ; ne pas accabler le contribuable ; éviter de reporter une charge trop lourde de la dette sur les générations futures. Il n’a pas non plus été caché que l’exercice était difficile car la crise accentuait les besoins financiers et humains de l’action sociale Pour étayer cette argumentation, il a d’ailleurs été rappelé que celle-ci représentait plus de 40% du budget de fonctionnement (77 M€) ; en particulier pour intervenir dans les domaines de l’aide aux publics handicapés, de la lutte contre la précarité et la dépendance, de l’insertion sociale, du soutien à la famille. C’est d’ailleurs pour cela que l’action sociale a été retenue parmi les deux grandes priorités et donnera lieu à la mise à disposition de nouvelles structures : deux EHPAD à destination des retraités les plus âgés ; une Maison de l’autonomie pour les personnes en situation de dépendance. L’autre grande priorité 2112 sera l’investissement pour soutenir l’aménagement du territoire, la croissance économique et l’emploi. Ce poste budgétaire (69 M€) sera presque aussi important que celui de l’action sociale. 38ME seront affectés au réseau routier et 13 M€ à l’équipement des communes et des intercommunalités.

Terroir et bon sens

La rigueur de la Corse-du-Sud ne peut toutefois être assimilée à de l’austérité. En effet, ni le logement, ni la qualité de l’habitat, ni l’aménagement rural, ni la protection de l’environnement, ni le sport ne seront sacrifiés. En outre, les marges de manœuvre sont autorisées non pas par des coupes sombres, mais par de la rationalisation et de l’anticipation : maîtrise des dépenses de gestion, regroupement de services, faible endettement. Tout cela a récemment autorisé Jean-Jacques Panunzi à souligner que « Aucun engagement ne sera remis en cause cette année ». Ce cap a d’ailleurs été confirmé par l’annonce du lancement d’un Plan à l’attention des jeunes qui leur facilitera l’accès au logement, à l’emploi et, éventuellement, à la réinsertion. Il l’a aussi été par une forte augmentation du soutien aux associations. On notera qu’un intérêt particulier sera porté aux associations menant le combat contre la précarité et la misère. En effet, Laurent Marcangeli, conseiller général d’Ajaccio, délégué à l’action sociale, a dernièrement signé une convention avec les représentants de plusieurs associations caritatives : Croix-Rouge, Restos du Cœur, Secours populaire, Fraternité du partage. Au titre de cette convention, ces associations recevront globalement 165000 € destinée à soutenir financièrement la distribution de colis alimentaires. Ainsi, s’il s’apprête à recevoir Nicolas Sarkozy et à la soutenir lors de la campagne présidentielle, s’il apportera aussi une aide précieuse aux deux candidats de l’UMP qui iront à la bataille en Corse-du-Sud, Jean-Jacques Panunzi n’apparaît pas pour autant comme un « suiviste ». Au style clinquant et à l’augmentation des déficits qui ont longtemps caractérisé la politique du président sortant, il a nettement préféré une sobriété et une prudence de la dépense publique qui lui permettent aujourd’hui d’investir. Aujourd’hui, il ne verse pas dans l’austérité préconisée à Paris qui reviendrait à priver un peu plus les plus démunis. Il ne se montre pas davantage complaisant quand il évoque la réforme sur les collectivités locales ô combien chère au locataire de l’Elysée. Ni l’intercommunalité imposée, ni la suppression désordonnée des conseillers généraux ne trouvent grâce à ses yeux. Elu prisant le terrain et portant à bout de bras les réalités, il représente cette droite du terroir et du bon sens qui pliera mais ne rompra pas si, au printemps, déferle une vague rose.

Pierre Corsi

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