ENTRE PASSION ET DÉVOUEMENT
À 36 ans, « Bati » Vallee est l’un des commandants les plus jeunes de France. Responsable du regroupement des opérations du SDIS 2A, il a, entre autre, en charge la coordination opérationnelle et, à cet effet, assure la gestion des équipes spécialisées, avec, sous son autorité, soixante personnes. Grand amoureux de sa terre et viscéral lié à Marato, où il a ses racines, il a trouvé, dans cette voie, le contexte idéal pour lier identité, traditions et protection de l’environnement.
De prime abord, Bati Vallee ressemble beaucoup au colonel Pierre Salinesi, l’un des ses supérieurs hiérarchiques. Comme lui, il n’affectionne pas le feu des projecteurs, voue un amour viscéral à la Corse, à son environnement et sa culture. « Parler de moi, interroge t-il, que vous voulez-vous que je vous raconte ? » Humble, il refuse, d’entrée, d’évoquer un parcours pourtant élogieux. Avant, finalement, de se laisser aller, au gré de la conversation.
Pompier volontaire à 20 ans
Bati est originaire de Marato, près de Pila Canale. C’est là-bas qu’il a débuté, tout jeune, durant la période estivale. « Je pense, rajoute t-il, que c’était une vocation depuis le début. Protéger l’environnement de mon village, la région et en faire mon métier. » Grand amoureux de sa terre, il a pris ses repères dans son village, où il vivra très longtemps, en prenant soin de s’enraciner culturellement dans les traditions. « Un paisanu », dans la plus pure acceptation du terme, avec des valeurs de vie, le respect des anciens et, bien entendu, de la nature. C’est à Marato, qu’il deviendra pompier volontaire à l’âge de 20 ans. « Pour ceux qui restaient au village, comme moi, poursuit-il, c’était l’occasion de défendre notre patrimoine. On était forcément attirés par ce métier. Le lien idéal entre l’enracinement à la terre, à l’identité et la volonté de préserver notre environnement. » Une attirance que Bati Vallee pourra concrétiser un peu plus tard. Auparavant, il devra poursuivre ses études à Corte où il se passionnera, dans un contexte particulièrement propice, pour le chant et la musique corses (il pratique le violon et la guitare).
Maîtrise de droit et concours d’officier
Ses études déboucheront, en 1998, sur une maîtrise de Droit, « une porte ouverte, dit-il, vers le concours d’officier. » Après cinq années de volontariat et, une fois, ses études achevées, le jeune homme n’avait qu’un seul objectif : le concours d’officier et accomplir son rêve de gosse en faisant, de cette vocation, sa profession. Deux ans plus tard, Bati sera l’un des plus jeunes officiers de France. Recruté, en 2001, par le SDIS de Corse-du-Sud, il suivra une nouvelle formation de deux années supplémentaires (école d’officier). « On m’y a enseigné l’ensemble des compétences que requiert le poste d’officier : comptabilité, technique, le domaine opérationnel, l’informatique, etc… »
Commandant du SDIS
Promu capitaine, il sera, durant sept ans, le chef de centre d’Ajaccio avant d’être attaché, depuis 2010, au regroupement des opérations. Entre-temps, le capitaine Vallee est monté de grade. Commandant, il est, aujourd’hui, en charge de la coordination opérationnelle et assure, entre autres, la gestion des équipes spécialisées (une soixantaine de personnes). « C’est un métier très éprouvant mais tellement passionnant.je ne me voyais pas faire autre chose. Cette année, la Corse ne souffre pas trop au niveau des incendies. C’est aussi parce qu’il y a un gros travail préventif en amont. Mais le risque zéro n’existe pas. Lors des incendies catastrophiques de juillet 2009, nous avons eu 14 départs de feu le même jour et trois en moins d’une minute. Ce fut un désastre. Il est difficile de prévoir de tels fléau et d’agir au plus vite. » Hier capitaine, aujourd’hui commandant, Bati Vallee devrait, à n’en pas douter, gravir d’autres échelons. Un métier où il aura dû consentir quelques sacrifices, notamment au niveau du chant et de la musique (il avait intégré l’associu Dopu Cena au début des années deux mille). « Il me reste le village, mais c’est vrai que je n’ai plus le temps de pratiquer au niveau du chant. Les contraintes professionnelles sont trop importantes ». Quant à la fibre « héritée » de ses anciens, il s’efforce, aujourd’hui, de la transmettre à ses enfants Lina (7ans) et Battistu (4ans). Histoire de perpétuer sa passion…
Philippe Peraut
Photos T.Canazzi