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Islande, Suède : la leçon scandinave

jeudi 1er novembre 2012, par Journal de la Corse

Le nombre d’habitants en Islande est sensiblement identique à celui de la Corse. Samedi 20 octobre, les Islandais ont voté lors d’un référendum consultatif et validé les propositions faites par un comité de citoyens en vue de la rédaction d’une nouvelle Constitution. Un modèle de démocratie participative qui renvoie aux excellents résultats économiques de la Suède qui va parvenir à l’excédent budgétaire tout en conservant l’un des modèles sociaux les plus égalitaires du monde.

Un vote favorable

Même si à peine 49% des électeurs islandais s’étaient déplacés, les deux tiers de ceux-ci se sont prononcés en faveur des propositions faites par un comité de citoyens en vue de rédiger une nouvelle Constitution. La proposition de nouvelle Constitution a été rédigée par une commission élue en novembre 2010 pour réviser la loi fondamentale et composée de 25 citoyens ordinaires qui ont consulté leurs compatriotes via internet. Entre avril et juillet 2011, ce groupe de citoyens de différentes origines sociales a travaillé sur le projet constitutionnel avant de le poster sur internet pour permettre à la population de réagir et d’enrichir le texte, ce que plusieurs centaines de personnes ont fait. La proposition a été soumise fin juillet 2011 au parlement, l’Althing, et en mai dernier, les députés ont décidé de solliciter l’avis des Islandais par le biais d’un référendum. La consultation (la votation diraient les Suisses) portait sur de nombreux points parmi lesquels le souhait que les ressources naturelles qui ne sont pas propriété privée soient considérées comme des biens publics.

Une claque à la crise

Dans cette grande île faiblement peuplée, où tous les citoyens descendent de l’ancien peuplement viking, l’effondrement économique survenu fin 2008 à la suite de la crise financière mondiale, avait provoqué des mouvements sociaux sans précédent et l’exigence d’une nouvelle Constitution, travail entamé par des citoyens venus de toutes les couches sociales, rédigée par de simples citoyens s’est imposée. Le résultat du référendum n’est qu’une indication pour les députés qui vont poursuivre l’étude du projet. L’année dernière, 72,9% du corps électoral avait participé à un référendum portant sur la compensation à offrir à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas en remboursement des pertes occasionnées par les banques islandaises lors de la faillite en 2008 de la banque Icesave.

Un modèle scandinave

La Suède a été confrontée à une crise majeure dès les années 80, ce qui l’a amenée à des réformes radicales. En outre, tout en étant membre de l’Union européenne à 27, la Suède a refusé d’adhérer à la zone euro, donc elle mène la politique de son choix et non celle imposée par les gestionnaires de la monnaie unique. Dans les années 90, beaucoup d’entreprises publiques ont été privatisées : électricité, télécommunications, transports en communs, postes, vente d’alcool… Mais la libéralisation a concerné également les marchés du crédit et des capitaux et la concurrence a été introduite dans l’éducation et dans la santé. Ainsi les dépenses publiques ont fortement diminué, ce qui a permis de réduire de 38% le nombre de fonctionnaires. Quant aux fonctionnaires restants, leur rémunération dépend désormais plus de leur performance que de leur ancienneté. Toute personne risquant le chômage est approchée et il lui est proposé une formation dans une autre branche. Grâce à la concertation entre partenaires sociaux, les conflits sociaux sont quasiment inexistants. Année après année, la charge globale des impôts a été réduite, mais leur progressivité a été diminuée. Le taux marginal d’impôt sur le revenu des ménages, qui avait culminé à plus de 85% dans les années 80, a été réduit aux environs de 55%. Le taux d’imposition sur le bénéfice des entreprises est passé de 53% à 30%. C’est bien là la preuve que le débat actuel qui fait rage en Europe et qui oppose libéralisme sauvage à tous crins et étatisme étouffant est faux. Reste la question centrale de la culture comme déterminant de l’économie. La latinité rime avec clientélisme tandis que germanisme avec rigueur. Et si les Latins tentaient d’un peu s’inspirer des pays du nord de l’Europe ? L’Islande et la Suède font la démonstration que, malgré les difficultés, et à condition de savoir partager, on peut progresser.

GXC

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