Pour cause de hausse des prix des matières premières, des carburants et de l’énergie, les produits alimentaires vont connaître une forte augmentation au cours de l’année 2011.
Chaque semaine, il devient de plus en plus coûteux de faire le plein. Cette situation aggrave la situation économique déjà difficile de nombreux ménages. La hausses des carburants s’ajoutant à celle de l’électricité et du gaz, se déplacer, se chauffer et s’éclairer représentent désormais des dépenses incontournables particulièrement lourdes. Concernant l’envolée du prix des carburants, malgré des taxes inférieures à celles pratiquées sur le Continent (taux inférieurs de TVA et de TIPP), la Corse figure parmi les régions les plus affectées. D’autant que faute d’un maillage des territoires urbains et ruraux, et aussi de fréquences convenables, les transports en commun ne permettent pas aux Corses de limiter l’usage de la voiture. Un malheur n’arrivant jamais seul, il se confirme que les produits alimentaires vont connaître une forte augmentation en 2011. Les prix à la consommation étant, chez nous, parmi les plus élevés de France, il va sans dire que nous allons devoir resserrer nos ceintures plus encore que les Continentaux. L’augmentation serait en moyenne de 2%, mais les prix de certains produits pourraient s’envoler jusqu’à 20%. Ces chiffres sont avancés par des acteurs crédibles : le patron des centres Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, prévoit une hausse globale de l’ordre de 3,5%, et la plupart des syndicats de salariés redoutent qu’elle soit au moins de 2%. Par ailleurs, certains produits de base vont être particulièrement affectés. Ainsi, le prix de la farine devrait progresser de 15 à 20%, celui du café de 10 à 20%, celui des pâtes de 5 à 10%, celui du beurre de 4 à 8%.
Les plus pauvres cumulent les handicaps
Ce retour en force de l’inflation est provoqué par une hausse du prix du pétrole, structurelle de par la hausse de la consommation, conjoncturelle du fait de la spéculation favorisée par les troubles dans les pays producteurs du Maghreb et du Moyen-Orient. Il résulte aussi d’une forte tendance haussière affectant les matières premières. Le prix du blé européen a doublé. Aux USA, le maïs a augmenté de 50% et le soja de 34%. Le plus inquiétant est que cette tendance semble devoir durer car elle résulte de facteurs structurels et de juteuses opérations spéculatives : accidents naturels (sécheresses, inondations, intempéries, séismes…) ; demande de biocarburants, diminution des terres à usage agricole face à la forte urbanisation ; ruine de millions de petits producteurs agricoles du fait de l’industrialisation et de la concentration de la production agricole et agroalimentaire). Le drame est que cette inflation frappera essentiellement les plus pauvres d’entre nous. Ceux-ci cumulent en effet les handicaps. Résidant le plus souvent dans les périphéries urbaines ou des villages isolés, ils sont particulièrement tributaires de la locomotion automobile. Leurs budgets étant essentiellement consacrés à des besoins de base, l’impact de la hausse de prix de l’alimentation, du carburant et de l’énergie sera particulièrement fort. Enfin, étant de par la force des choses des consommateurs de produits « premier prix », ils seront les plus touchés par l’envolée des prix de l’alimentation, car c’est dans les coûts de production et de transport de ces produits, qu’influent le plus ceux des matières premières, des carburants et de l’énergie.
Alexandra Sereni