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Indignons-nous de la violence faite aux victimes

jeudi 26 mai 2011, par Journal de la Corse

L’affaire Dominique Strauss-Kahn est encore trop fraîche pour qu’on puisse affirmer que l’homme est coupable des faits qui lui sont reprochés bien que les preuves s’accumulent en faveur de l’accusation. Pourtant les caciques du parti socialiste ont durant trois jours totalement ignoré la jeune femme accusatrice pour soutenir leur « camarade » en difficulté comme s’il était normal de mettre en doute la parole d’une femme de condition modeste qui accusait un puissant d’avoir tenté de la violer. C’est lamentable et triste.

La victime d’abord

J’ai entendu une responsable socialiste de Haute-Corse interrogée à propos de l’affaire Dominique Strauss-Kahn. Peut-être a-t-elle été coupée au montage. Mais, à aucun moment, elle n’a eu un mot pour la jeune femme qui affirme avoir été la victime d’une tentative de viol. Or ce silence a été celui de la direction du PS durant les jours qui ont suivi le début de l’affaire. Pire, on a eu l’impression d’une réaction de caste et de classe, la palme d’or revenant à Jean-Pierre Chevènement, l’histrion de la gauche d’extrême-droite, qui s’est offusqué de ce qu’on puisse mettre en balance la parole du patron du FMI et celle « d’une femme de chambre ». Et vive la gauche friquée, celle des BHL, des Chevènement, des DSK, des Tapie ou encore des Jack Lang qui a déclaré « Il n’y a pas eu mort d’homme » comme hier un ami de Polanski affirmait à propos de la victime de treize ans « Elle faisait plus que son âge. Chacun y a été de sa larme et de son indignation quant aux séquences du président du FMI menotté comme si le vrai drame n’était pas celui d’une femme violée. Alors, quitte à paraître d’une autre époque, je rappellerai ici quelques valeurs qui, je le pensais jusqu’alors, fondaient la pensée humaniste que s’arroge facilement la gauche. Le viol est un crime atroce tout comme la pédophilie. À ces hiérarques socialistes qui n’ont parlé que DSK, je voudrais simplement exprimer ma profonde déception quant à leur manque de solidarité féminine et cela sans présumer de la culpabilité ou de l’innocence de Dominique Strauss-Kahn. À moins de considérer, comme le plus infâme des crétins (et malheureusement ils sont légion) que toutes les femmes sont des salopes qui s’ignorent et revendiquer le droit de cuissage, il faut rappeler que le viol revient à considérer la femme comme un consommable, une chose. C’est d’ailleurs une arme utilisée de par le monde par la soldatesque pour rabaisser les vaincus dans les Balkans ou en Afrique. Dans le cas de Dominique Strauss-Kahn, une jeune femme de couleur, de condition modeste et immigrée affirme avoir agressé par un homme qui occupe l’une des places les plus éminentes dans le monde de la finance mondiale. Sans bafouer la présomption d’innocence peut-être eut-il fallu tout simplement écouter sa parole parce que c’est elle qui est a priori la victime et non le président du FMI. Quand on y regarde bien, Il y a tout de même dans cette affaire comme une représentation symbolique de ce monde où la couleur de la peau et la condition sociale comptent plus que le respect de la personne.

Indignons-nous du silence qui entoure les victimes

Je pense que la compassion envers les victimes est l’un des principes fondateur de l’humanisme. C’est aussi vrai en Corse. Je ne peux donc que ressentir une grande fraternité envers ce couple de retraité dont la maison a été plastiquée à Villanova par une dizaine d’hommes cagoulés se réclamant du FLNC. Il faudra qu’on m’explique en quoi le fait d’attaquer deux malheureux est la preuve d’une quelconque efficacité militaire ou encore un début de victoire sur la spéculation immobilière. Ces courageux anonymes devraient écouter ce qui se dit sur eux en Corse. Ils comprendraient la défaite que cet acte représente pour leur cause. Ma compassion va aussi aux familles des détenus condamnées à une double peine. Je dis bien aux familles car il me semble que le militant doit être responsable de ses actes jusqu’au bout et assumer une condamnation s’il est capturé. Mais les compagnes, les parents et les enfants ne devraient pas être sanctionnés par un éloignement excessif. Je pense aussi à la famille Erignac qui a perdu un être cher, mais également aux familles des acteurs de ce crime qui paient pour l’acte d’un des leurs. Et comment ne pas avoir de la compassion pour Yvan Colonna qui depuis le début affirme son innocence sans jamais renoncer à son droit à la présomption d’innocence.

Présumé innocent et victime

Car c’est l’un des paradoxes de l’affaire Dominique Strauss-Kahn que de soudain entendre la présomption d’innocence invoquée par tous nos puissants de droite comme de gauche. On aurait aimé qu’elle soit affirmée avec autant de force envers Yvan Colonna. Quelle pitié d’entendre Eva Joly, qui fut l’une des juges les plus répressives de France et qui n’avait rien à faire de cette présomption d’innocence qualifier de terrible la vision d’un DSK menotté. Ces gens-là, bleus ou roses, n’ont en définitive de compassion que pour les leurs. Ils se reproduisent entre eux, s’entraident et n’ont que mépris pour le peuple qu’ils prétendent incarner. Élizabeth Guigou, ancienne ministre de la Justice, a découvert l’enfer des prisons américaines oubliant que les prisons françaises sont parmi les pires des démocraties occidentales. Quant au PS il va devoir se poser une question simple : comment a-t-il pu oser vouloir désigner comme candidat un homme richissime (un salaire de 750 000 d’euros par an, une caution d’un million de dollars et cinq millions déposés en caution), patron d’un organisme financier qui étrangle les peuples en difficulté, u et tellement gonflé de sa propre importance qu’il n’hésitait pas à traiter les femmes comme autrefois les aristocrates traitaient les soubrettes. C’est son ami Jean-François Kahn qui avec une élégance de gauche a parlé d’un « troussage de domestique ». Tout est dit. Cette gauche-là n’est décidément pas la mienne. Et elle prend le risque en agissant ainsi d’un nouveau 21 avril. Car entre la peste libérale de droite et le choléra viriliste de gauche, je choisirai la randonnée pédestre. Gisèle Halimi a déclaré que « le respect des femmes » doit « prévaloir sur l’amitié et l’esprit de clan ». Elle a mille fois raisons.

Gabriel Xavier Culioli

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