Alors que la saison des vœux s’achève, la tendance à la morosité se confirme. Il faut dire que le conflit sur les retraites, qui s’est soldé par un passage en force de la réforme, a servi à montrer de nouveaux clivages et que l’insécurité sociale grandit. Les mouvements sociaux de l’automne ont aussi montré une sorte de scénario très bien ficelé, avec d’un côté une droite enferrée dans sa « posture gaullienne » qui ne veut pas « céder à la rue » et une gauche très dispersée, mais qui scande un discours tout aussi bien rodé « révolutionnaire et contre l’économie mondialisée ». Tous les musiciens connaissaient leur partition et aucune fausse note n’est venue entacher ce conflit, si ce n’est, peut-être une absence de réel chef d’orchestre. Mais la question majeure reste entière : quel futur se dessine-t-on ?
Insécurité sociale
La France a beau se lever tôt, les bénéfices ne vont pas dans la poche des couches populaires, ouvriers et employés. Si l’opinion publique est plutôt consciente de la nécessité de réformer les retraites, entre autres, elle ne peut que s’étonner, voire se fâcher, de constater que les économies et les efforts portent souvent sur les mêmes, et que la « rilance » (au jeu des lapsus, Lagarde n’a pas été en reste, moins en dessous de la ceinture que Dati, mais finalement, tout aussi douloureux) se fait en utilisant les classes moyennes comme levier. Ces mêmes populations qui ont constaté depuis de nombreuses années que leurs conditions de travail se sont dégradées, et à qui des statistiques sont venues prouver que leur niveau de vie était inférieur à celui de leurs parents, à âge équivalent. Autre temps, autres mœurs, mais pas les mêmes réactions. L’effet de tant de mauvaises nouvelles sur la population ? Cela la rend encore plus blasée et sceptique sur l’efficacité des politiques mises en place. Ce qui est sûr, c’est que pour 2012, les promesses électorales vont avoir un effet placebo, et que les attentes ne sont clairement plus dans les mots, mais dans une perspective de changement.
Menaçante mondialisation
Lors de ses discours électoraux, Sarkozy avait promis de « protéger les travailleurs des effets de la mondialisation libérale ». Las ! Ce que la population a surtout vu de ce choix économique sont les plans sociaux, la déflation salariale, la montée du chômage et la stagnation, pour ne pas dire la crise. Sans compter les chiffres qui tombent : la France compte 8 millions de pauvres. Et les budgets sont de plus en plus serrés pour finir le mois. Le surendettement des ménages est une réelle préoccupation. Preuve que les politiques sont incapables de protéger les plus modestes des effets de la mondialisation. Alors comment s’étonner que les jeunes, qui n’ont même pas commencé à travailler, se préoccupent déjà de leur retraite et réclament des comptes ? La peur du lendemain est un moteur de revendications, pour un avenir tout court, qui prendrait en compte les inégalités sociales et culturelles, sans cacher le cadavre dans le placard, au prétexte de période pré-électorale. Parce qu’en matière de poussière sous le tapis, il y a l’épineux problème de la Sécurité sociale, dossier on ne peut plus brûlant et tout à fait impopulaire, mais ô combien urgent à régler.
Parlons avenir
Puisque nous sommes dans une économie libérale, ça n’est donc ni dans les astres, ni dans le marc de café qu’on lira l’avenir, mais bien dans les budgets. Que disent donc les budgets de l’État pour 2011 ? Rigueur, économies et autre serrage de ceinture. Il va falloir être chiche dans les dépenses, vu que les recettes ne seront pas juteuses. Compte tenu des orientations budgétaires 2011, la Collectivité territoriale de Corse ne pourra pas dire le contraire, puisque comme elle l’annonce « elles s’inscrivent dans un contexte difficile de crise économique durable ». Le décor est planté. Quatre axes sont au menu : assurer un développement durable ; affirmer l’identité corse ; favoriser la cohésion territoriale ; préserver les équilibres financiers pour préserver l’avenir. Avec bien sûr, en autre point, la limitation des dépenses de fonctionnement courant, pour réaliser des économies d’échelle. Tout est dans le détail, le filigrane. Et après on se demande encore pourquoi la France doute de son avenir…
Maria Mariana