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I POVERI FORA !

jeudi 8 novembre 2012, par Journal de la Corse

14 octobre 2012. Une date repère. Elections municipales en Belgique. Le parti nationaliste flamand grand vainqueur. Son président Bart de Wever élu maire d’Anvers, la grande capitale économique. La riche Flandre l’emporte sur la Wallonie autrefois prospère, aujourd’hui appauvrie.

De Wever a exigé aussitôt du gouvernement belge l’ouverture immédiate de négociations sur la fin de la Belgique. La séparation des Flamands et des Wallons est aux portes. Au XIXe siècle, les Flamands néerlandophones mais catholiques et pauvres s’étaient séparés des Néerlandais riches et protestants des Pays Bas, pour s’unir aux Wallons, alors riches par la sidérurgie et catholiques eux aussi. Aujourd’hui c’est l’argent qui fait la différence entre les pays à l’intérieur des Etats nationaux. L’Etat belge, trait d’union des latins et des germaniques, concentré d’Union Européenne avec sa capitale Bruxelles est en train de voler en éclats. Curieux virage politique entraîné par la crise en cours. Il s’étend en Europe, à l’intérieur de celle-ci et à l’intérieur des Etats qui la composent. On pourrait dire les Nords et les Suds. Voilà qu’à son tour l’Espagne est touchée, elle qui avait réussi la reconquista, quasiment réussi la première ébauche d’Europe politique avec Charles Quint, découvert et dominé le Nouveau Monde avec Christophe Colomb et les conquistadores. Rappelons-nous la conquête du « fabuleux métal ». L’Espagne de l’Eldorado aujourd’hui réduite à quérir l’aumône européenne. A l’intérieur de l’Espagne, la Catalogne endettée crie à l’indépendance pour dissimuler sa propre responsabilité dans l’endettement où elle se trouve et sa gabegie qui en est la cause. Les Basques se suivent pour réclamer l’indépendance, paravent politique là aussi. Mais une fois de plus on peut constater que les régions riches veulent jeter dehors les régions pauvres malgré l’union qui les a rassemblées depuis le XVIIe siècle. Mais vers qui pensent-elles se tourner à notre époque de mondialisation, pour ne pas être écrasées par les marchés et les pays émergents ? Voilà que l’Europe de L’Union elle aussi vacille entre l’égoïsme national et la solidarité. Curieusement une fois encore les Nord riches pensent à se séparer des Suds pauvres. Les Suds pauvres ? Quèsaco ? Dehors ! Raus ! Fuori ! Telle est l’injonction des nouveaux riches au pays du Sud qui pourtant inventèrent la banque avec le Toscan Sallustio Bandini, le commerce extérieur mondial avec le Vénitien Marco Polo et le Portugais Vasco de Gama. Fora ! Crient la zone Euro et l’Union Européenne aux Grecs et à ceux qui attendent à leur porte : les Croates, les Bulgares et les Roumains. L’Union de la Méditerranée ? Plaisanterie. Il n’en est plus question. Il s’agit plutôt d’exfiltrer les P.I.G.S (1) de l’Union. Ainsi la crise se répercute par une sorte d’effet domino dans toute l’Europe. Le repli sur soi des communautés comporte des risques évidents pour l’économie, la démocratie et la paix. Une explosion du populisme et le chaos social sont à redouter. Il est dans l’intérêt des dirigeants européens de donner, sans trop tarder, un second souffle à l’Europe, avec une réelle vision d’avenir. Le prix Nobel de la Paix a couronné sa promotion et celle des droits de l’Homme dans les dernières décennies. Puisse le futur continuer dans la voie ainsi tracée sans que personne n’ait à se barrer.

Marc’Aureliu Pietrasanta

(1)Acronyme anglais pour Portugal,Italy,Greece, Spain.

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