Alors que la journée de la Femme a surtout montré qu’il restait encore beaucoup de boulot pour que les différences entre les sexes soient reconnues et que le déséquilibre ne soit pas si criant sur tous les fronts, d’autres combats attendent toujours de faire écho et de trouver une oreille favorable. Il s’agit notamment de la reconnaissance des droits des familles homoparentales. Cela a failli se faire, et puis cela a fait pschitt. Sauf à ce que les homos montrent leur poids électoral, leur situation reste marginalisée en France.
Pas de mariage homo
Les neuf Sages ont déclaré l’interdiction du mariage homosexuel conforme à la Constitution. En effet, dans sa décision rendue le 28 janvier 2011, le Conseil constitutionnel considère que les articles 75 et 144 du Code civil, qui expriment une conception exclusivement hétérosexuelle du mariage, ne sont pas inconstitutionnels, au regard de la Constitution française. Selon cette décision, la question du mariage homosexuel appartient au domaine politique, et ne relève pas du juridique : le conseil n’a pas à décider de la justesse du mariage homosexuel à la place du législateur. Le Parlement n’a pas non plus changé la législation en faveur du mariage homosexuel. Ce thème pourrait donc s’inviter dans la campagne présidentielle, à droite comme à gauche. Depuis décembre 1999, pour s’unir, les homosexuels peuvent avoir recours au pacte civil de solidarité. Le PACS ne permet cependant pas l’adoption au couple pacsé. Même si les mentalités ont largement évolué et que l’idée d’une union civile à la mairie entre deux personnes du même sexe a la faveur de 61% de la population, le mariage n’est toujours pas autorisé pour les homosexuels. Au 11 mars 2011, dix pays ont légalisé le mariage homosexuel : Pays-Bas, Belgique, Espagne, Canada, Afrique du Sud, Norvège, Suède, Portugal, Islande, Argentine, auxquels s’ajoutent la ville de Mexico, cinq États des États-Unis et Washington.
Homoparentalité
La décision du Conseil constitutionnel a des répercussions sur les familles homoparentales. « En maintenant le principe selon lequel le mariage est l’union d’un homme et d’une femme, le législateur a, dans l’exercice de sa compétence, estimé que la différence de situation entre les couples de même sexe et les couples composés d’un homme et d’une femme pouvait justifier une différence de traitement quant aux règles du droit de la famille », soulignent les Sages. Ces questions concernent trois millions de gays et lesbiennes selon des associations. Les parents de même sexe ont des préoccupations légitimes : protéger leurs enfants, pouvoir partager l’autorité parentale, régler les problèmes de succession et de garde éventuelle en cas de séparation ou de décès de l’un ou l’autre des parents. Selon un sondage TNS Sofres, 49% des Français se disent favorables à l’adoption d’enfants par des couples homosexuels, alors qu’ils n’étaient que 30% en 2001. Des avancées qui ne sont pas l’exclusivité des sondages. En effet, des décisions de justice ont donné le droit de visite et d’hébergement, ou de garde alternée, pour un enfant de parents du même sexe qui s’étaient séparés. Les tribunaux s’appuient sur un texte du code civil qui donne au juge le choix de fixer les modalités de relations de l’enfant avec un tiers, parent ou non, dans l’intérêt de l’enfant.
Pas de coming out global
Même si l’homosexualité n’est plus aussi taboue, elle peut rester un motif de mise à l’écart sociale. D’où le fait que les homosexuels n’affichent pas forcément leurs préférences sexuelles. En Corse, les homosexuels restent discrets. Même s’il y a eu un coup de projecteur médiatique lors de la création de Semu Qui, l’homosexualité n’est pas un sujet porteur dans l’île. Racisme, violence, terrorisme, oui, mariage homosexuel ou homoparentalité, pas vraiment. Le non-dit est un rempart qui permet aux apparences d’êtres sauves. La société insulaire ne considère pas l’homosexualité comme une tare, mais préfère ne pas voir la chose s’ébruiter, ni cette communauté se montrer trop contestataire. Les lieux de rendez-vous sont connus, mais pas officialisés, tout reste sous silence. L’homophobie a encore de beaux jours devant elle, tant que la légalité de l’homosexualité n’aura pas d’existence légale.
Maria Mariana