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Halte à l’incivilité

jeudi 18 juillet 2013, par Journal de la Corse

Halte à l’incivilité

Bonjour Madame, merci monsieur, au revoir. Ces petits mots magiques que l’on inculque aux tout petits à grands renforts de formules d’adultes du type « qu’est-ce qu’on dit » aurait bien besoin d’être redonner comme mantra à tout le monde. Sans considération d’âge, de sexe, d’origine social ou géographique. Avec un bon rappel des règles du bien vivre ensemble. La société, ça n’est pas que des droits, c’est aussi des devoirs. A bon entendeur.

Ras-le-bol généralisé En 2011, les habitants bastiais des quartiers St Joseph, de la Citadelle, de la Place Vincetti, du Vieux-Port, de Gaudin et du Marché se sont regroupés au sein d’un collectif pour lutter contre les incivilités. Animés par la même envie de retrouver dans leurs quartiers la sécurité, la sérénité et le respect d’autrui. Ce qu’ils veulent  ? Retrouver le calme, sur tous les plans, et pouvoir vivre harmonieusement avec tous les corps de métier. Ils sont conscients que le tourisme et les commerçants se nourrissent du dynamisme d’une ville, que la vie nocturne et estivale est importante, pourtant il ne doit pas en résulter plus de pollution sonore et olfactive que les résidants ne peuvent en supporter. Sans compter d’autres soucis générés par les problèmes de stationnement. Disputes verbales et physiques font partie de ces troubles de voisinage. L’exemple des habitants de Bastia tend à se généraliser. D’autres initiatives se créent un peu partout sur le territoire et sur le continent parce que le ras-le-bol se généralise.

Au-delà du politique

Respecter l’hygiène et l’environnement, c’est un minimum pour vivre en collectivité, sans compter les préalables minimums que sont le respect et la sécurité. Les actes d’incivilité donnent lieu à des incidents, comme l’année dernière dans le Cap Corse où des décharges sauvages ont provoqué des incendies ou endommagé un véhicule poubelle et blessé un agent municipal. Ces actes d’incivisme coûtent cher à la communauté et à la nature. À Ghisonaccia aussi la municipalité a été dépassée par l’incivilité, cause de pollution et de vandalisme. Les déchets et les encombrants sont sources de biens des problèmes et de coûts. Des dépenses qui auraient pu servir à autre chose et qui poussent certaines communes à s’équiper en vidéosurveillance pour lutter contre toutes ces incivilités. Sans compter également les écarts de conduite au volant, comme l’usage du téléphone portable, dans le collimateur des forces de police. La société civile n’est pas la seule à pâtir de ces actes. La SNCF a chiffré à 35 millions d’euros par an le coût de ces incivilités (pieds sur les sièges, insultes, chewing-gums, crachats et fumeurs dans les rames…). D’où une grande campagne de sensibilisation et la création d’emplois d’avenir, les médiateurs sociaux pour lutter contre les actes de malveillance à bord des trains.

Retour de la morale

Mais ces incivilités ne se cantonnent pas aux transports en commun ou dans la rue, on en recense de plus en plus dans les banques (plus de 5 000 incivilités ont été dénombrées dans les agences bancaires de quartier en 2012 selon un document de l’Association française des banques), les administrations, les urgences, etc. avec une hausse des faits de violence verbale (injures, insultes, menaces, chantage) ou physique (dégradations matérielles, attaques de personnes). U troppu stroppia. La multiplication de ces incivilités a conduit à un traitement policier de ce qui était jusqu’alors traité entre civils raisonnables, sans aller jusqu’à une condamnation pénale. Aujourd’hui, la frontière entre les actes de malveillance (insultes, gestes vifs, dégradation de matériel etc.) et les délits plus classiques (coups et blessures ou vols à l’arraché) est devenue trop tenue. Ainsi en vient-on à introduire des policiers dans les établissements scolaires, en soutien aux enseignants, et l’on promulgue des lois contre les rassemblements de jeunes dans les halls d’immeubles. Cette démesure met en lumière la perte d’autorité des institutions  : État, établissements scolaires, bailleurs etc. D’où une volonté de revenir aux fondamentaux et de réinstaurer la morale à l’école, d’ici à 2015, histoire de piloter la sociabilité des enfants dès le plus jeune âge, puisque seule une réponse collective semble pouvoir endiguer l’incivilité et l’agressivité des enfants. Le tout sans sermon pour respecter le principe de laïcité.

Maria Mariana

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