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Guy Orsoni écrit son désespoir

jeudi 9 février 2012, par Journal de la Corse

Guy Orsoni est incarcéré depuis de longs mois. Il a écrit à son avocat une lettre demandant à ce que la LDH s’empare de son cas. Une nouvelle demande de mise en liberté a été refusée sans même que les magistrats de la chambre de l’instruction aient daigné lire les notes et les conclusions déposées par ses avocats. C’est dire que désormais un bras de fer commence pour que Guy Orsoni ait droit à un traitement juste et honnête. La Ligue des Droits de l’homme a d’ores et déjà fait connaître sa position de principe contre les juridictions d’exception et rappeler que lorsque la justice ne fait pas correctement son travail il est nécessaire que l’opinion publique fasse connaître son sentiment à cette justice là. De son côté le comité Vérité Justice a décidé de lancer une campagne d’ampleur nationale sur le cas de Guy Orsoni en interpellant députés et sénateurs et en demandant une entrevue à chaque candidat à la présidence de la République. La prochaine étape sera vraisemblablement la décision annoncée par Guy Orsoni de se lancer dans une grève de la faim. De son côté, le comité Vérité Justice annoncera prochainement des actions légales mais spectaculaires. Enfin, la LDH a l’intention d’intensifier son travail de dénonciation dans la société civile des juridictions d’exception au premier desquelles se situe la JIRS.

Cher Maître,

je vous écris aujourd’hui car malheureusement mes craintes vis-à-vis de la JIRS de Marseille se sont avérées fondées. J’ai été impliqué dans trois procédures criminelles instruites par cette juridiction. Depuis le début, je n’ai de cesse de clamer mon innocence. Cela fait bientôt un an que je suis incarcéré. J’ai dû attendre de longs mois avant d’être entendu par les juges afin de pouvoir m’expliquer sur ce qui m’était reproché. J’ai fini par pouvoir m’expliquer le 29 novembre 2011.Il s’est avéré que les seuls éléments sur lesquels se base l’accusation sont des témoignages anonymes et des témoignages sous X qu’aucun élément matériel ne vient corroborer. Bien au contraire, il a été établi de manière indiscutable grâce à des éléments de balistique qu’un de ces témoignages était mensonger. Les juges ont délivré des commissions rogatoires afin de vérifier mes déclarations. Tout a été confirmé point par point et notamment mon emploi du temps au moment des faits. J’ai fourni deux alibis dans chacun des deux dossiers pour lesquels je suis incarcéré. Ces alibis ont été vérifiés et confirmés par les enquêteurs. Pourtant aujourd’hui les magistrats de la JIRS s’obstinent envers et contre tout à me maintenir en détention. Je fais même l’objet d’un traitement particulier parmi d’autres détenus. J’ai été placé à l’isolement pendant plusieurs mois sans contact avec qui que ce soit mis à part des fonctionnaires de l’administration pénitentiaire. Je suis considéré comme le détenu le plus surveillé du sud de la France, ce qui implique que je n’ai droit à aucune activité au sein de la prison. Je suis enfermé seul dans une cellule de 9 m2 22 heures sur 24.Lors de chacun de mes déplacements, on mobilise le GIGN et un hélicoptère. Je suis menotté, entravé, sanglé au niveau des bras avec un casque sur les oreilles et un bandeau sur les yeux qui me prive de tous repères. J’ai été placé dans une prison difficile d’accès pour ma famille dont les membres les plus proches se voient systématiquement refuser les permis de visites sans aucune raison valable. Il est aussi difficile pour mes avocats de m’assister de par cet éloignement. On me refuse aussi le droit de téléphoner aussi bien à ma famille qu’à mes avocats. Je ne sais pas pourquoi je fais l’objet d’un tel traitement et d’un tel acharnement. Je suis innocent. J’ai démontré mon innocence. Elle a été établie par les vérifications faites suite à mes déclarations. Pourtant les magistrats de la JIRS refusent de me rendre ma liberté en continuant de s’appuyer malgré toutes les incohérences établies sur les dénonciations de ces accusateurs sans visage contre qui on ne peut pas se défendre. J’ai l’impression que mon sort est déjà scellé. Peu importe ce que je dis. Peu importe ce que je fais. Peu importe la vérité ! La JIRS a été trop loin pour revenir en arrière. Depuis le 4 juin 2009, ma vie s’est arrêtée. Le 4 juin 2009, l’enfer de la cavale a commencé. Il a duré presque deux ans, deux ans à vivre caché dans une situation de stress permanent, isolé de tout, coupé du monde dans des conditions très difficiles. Je n’ai pas parlé à ma mère pendant deux ans. J’ai perdu une sœur qui a disparu. On m’a enlevé tout ce qui comptait dans ma vie. Depuis mon arrestation, je vis dans un autre enfer, celui de la prison dont je vous ai déjà parlé, pas forcément pire que celui de la cavale, seulement différent. Aujourd’hui, je suis prêt à tout pour prouver mon innocence et mettre fin à cet enfer qui dure depuis bientôt trois ans. Et je suis déterminé à aller jusqu’au bout. Je ne reculerai pas. Je suis innocent et la JIRS le sait bien. Je vous demande d’intervenir et de saisir la Ligue des Droits de l’Homme.

Guy Orsoni

1 Message

  • Guy Orsoni écrit son désespoir 23 février 2012 19:24, par Gabriel

    On s’aperçoit, avec ce qu’il arrive à Guy Orsoni, l’insupportable dérive de la justice revue et corrigée par une vision paranoïaque de la sécurité, voire fascisante dans sa conception délirante et totalement inapplicable de tolérance zéro. L’exercice de la justice est conçue pour être gérée par des juridictions d’exceptions. Cela a commencé avec l’antiterrorisme depuis le 11 septembre 2001, avec la SDAT, et depuis 2004 les JIRS pour le grand banditisme. Lois d’exceptions aussi pour les malades mentaux. On se demande qui sont les agités du bocal quand le législateur criminalise la maladie mentale et préfère, dans sa vision pathétique de la folie, embastiller les fous et fermer les lieux de soins ou les empêcher de fonctionner.
    Ces juridictions spéciales, le pôle antiterroriste du Parquet de Paris ou les JIRS, sont sensées disposer de magistrats instructeurs et de procureurs dont les prérogatives ne sont pas les mêmes et devraient même, déontologiquement, être antagonistes lorsque les preuves avancées par le parquet sont manifestement trafiquées. On se demande, au regard d’un certain nombre d’affaires, comme celle dite de Tarnac, si le rôle dévolu depuis quelque temps au juge instructeur n’est d’instruire qu’à charge ? On a aussi en tête le palmarès du juge Bruguière et ses centaines de pseudo terroristes embastillés ou placés en résidence surveillée pendant des années entières. Tout ça pour des prunes. la mode serait elle de n’instruire qu’à qu’à charge contre les inculpés ? Etrange dérive dans un pays dit démocratique ! Est-ce le devenir de la Justice ?. Il faut beaucoup de courage aujourd’hui, à l’intérieur de ce type de juridictions, pour faire honnêtement son travail. Ils ne sont pas nombreux à accomplir avec honnêteté leur mission. Le juge anti terroriste, Marc Trevidic honorera de son nom l’Histoire d’une Justice qui depuis ces 5 dernières années n’arrête pas de déraper. Mais à chaque fois dans ce déroulement arbitraire de la justice, ce sont les justiciables qui trinque. Des vies foutues en l’air, on a vu où menait l’intime conviction des juges d’Outreau. Il est totalement inadmissible que l’on puisse embastiller, ne serait-ce que quelques jours, une personne sous la base d’un témoignage sous X - témoignage qui se révèle dans nombre d’affaire complètement faux ou extorqué par la menace, ou balancé par vengeance. Il est important aujourd’hui pour aider Guy Orsoni, et toutes les autres victimes de cette dérive de la Justice, de se mobiliser pour exiger du futur remplaçant de Sarkozy à la tête de l’Etat, une refonte totale de son mode de fonctionnement. Et il faut que Guy comprenne qu’il ne sera pas seul dans son combat et - du moins je le pense- qu’il ne sert à rien de rajouter l’auto destruction à la destruction carcérale.

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