Le pervers narcissique est comparable au radon et au monoxyde de carbone, il tue insidieusement et sûrement.
Une de mes amies souffrait du comportement de son compagnon. Elle était aux portes de la dépression. Pourtant, comme beaucoup de monde dans son entourage, je ne soupçonnais pas qu’elle vivait avec un « dingo ». Je n’imaginais pas son comportement quotidien à l’encontre de sa compagne. Or il la traitait comme une moins que rien. Il la poussait à bout jusqu’à ce qu’elle explose ou s’effondre. Il essayait de la couper de tous ses amis. Dans son entourage, il se faisait passer pour un homme parfait alors que, dans l’intimité, il était ignoble. Elle a fini par le quitter et a ainsi pris la seule décision raisonnable car elle vivait en compagnie d’un pervers narcissique. Un être - qu’il soit homme ou femme - qu’il convient de fuir comme la peste. En effet, le pervers narcissique ne peut vivre que dans la manipulation de l’autre en lui ôtant toute envie et joie de vivre. Il trouve son équilibre psychique en inoculant à sa victime sa propre douleur existentielle qu’il n’identifie pas ou refuse d’admettre si on la lui révèle. Il ne peut faire autrement pour survivre. Probablement privé d’estime de soi et d’affection durant son enfance, il ressent le besoin de reporter sur autrui sa douleur non détectée ou refusée. Ce qui en fait un redoutable prédateur. Ayant capté une victime, il l’assassine psychiquement en toute impunité. Il parvient même à maintenir l’indifférence ou susciter l’approbation de l’entourage familial ou relationnel en se glissant avec aisance dans la peau du gentil qui fait preuve d’une infinie patience avec un être difficile à vivre. Ne pensez pas que vous pourrez faire entendre raison à un pervers narcissique ou le persuader de consulter. Son dysfonctionnement psychologique est profondément ancré et il considère que ce sont les autres qui doivent aller se faire soigner. Donc, il ne reste que deux solutions pour la victime : subir ou couper les ponts.
Des signes indicateurs
Mais comment identifier un pervers narcissique ? Il existe des signes dont un certain nombre, mis bout à bout, doivent pour le moins alerter. Le pervers narcissique use l’énergie de sa victime et s’ingénie à la priver de toute autonomie. Il est indifférent à ses désirs. Il exècre qu’elle paraisse heureuse. Il fait tout pour l’isoler. Il la dénigre insidieusement dans l’intimité et en public (par exemple en usant d’humour). Il la culpabilise, y compris dans des circonstances anodines. Il ne lui demande pardon que pour mieux la manipuler affectivement (en particulier pour l’inciter à moins de vigilance). Il manifeste une insatisfaction chronique. Il fait preuve d’égocentrisme. Il ne se remet pas en cause et en est d’ailleurs incapable. Il s’inscrit dans un déni de la réalité. Il sait se montrer sous un jour avantageux en société, tout en étant odieux en privé. Il est obsédé par son image sociale. Il use d’une rhétorique faisant que tout dialogue pour dépasser un conflit finit par tourner à vide ou déboucher sur un nouveau conflit. Il souffle le chaud et le froid. Il sait ne pas aller trop loin. Il est psychorigide. Il souffre d’anxiété. Il s’emploie à se montrer rabat-joie. Il se fait passer pour une victime. Il use d’injonctions paradoxales et de contradictions afin que sa victime perde ses repères et sa capacité de raisonner. Il éprouve une jouissance morbide quand elle est au plus bas. Alors, si vous vous sentez vraiment mal avec votre compagnon ou votre compagne, et si vous identifiez dans son comportement quotidien une grande partie des signes précités, songez à faire votre valise. Il n’est que temps.
Alexandra Sereni