La cascade de sanctions frappant les clubs corses depuis des années, accrédite l’existence d’une hostilité des instances nationales à l’encontre du football insulaire.
La commission de discipline de la Ligue de football professionnel a lourdement sanctionné l’ACA. Elle a infligé au club ajaccien le retrait de trois points (dont un avec sursis) pour la saison 2012/2013. Il est reproché au club que préside Alain Orsoni, de n’avoir pas empêché, lors d’une rencontre de championnat avec à l’Olympique Lyonnais, l’usage d’engins pyrotechniques aggravé par des comportements violents à l’encontre de l’arbitre assistant. En outre, Alain Orsoni, a été suspendu de banc de touche, de vestiaire d’arbitres et de toutes fonctions officielles pour une durée de quatre matches. Le coordinateur sportif de l’ACA et le président de l’Association A.C Ajaccio ont pour leur part écopé des mêmes sanctions respectivement pour six et huit matchs. Enfin, le club devra payer une amende de 12.000 €. L’ACA sera donc dernier au classement avant même d’avoir commencé la saison. Le SCB a lui aussi été sanctionné. La commission de discipline a prononcé à l’encontre du club bastiais une suspension de terrain pour un match (révocation d’un sursis), pour n’avoir pas su empêcher l’usage d’engins pyrotechniques et d’un laser, et des jets d’objets sur la pelouse lors d’une rencontre en avril dernier. Par ailleurs, suite à des faits d’envahissement de terrain et d’usage d’engins pyrotechniques par des supporters intervenus lors d’une autre rencontre, le SCB a été condamné à 20.000€ d’amende. Le retrait de points est une sanction très rare. Ajouté à la cascade de sanctions frappant les clubs corses depuis des années, il ne peut qu’accréditer l’existence d’une hostilité des instances nationales à l’encontre du football insulaire.
Football français à la remorque du Qatar
On est d’autant plus enclin à penser à mal que le GFCA n’a pas remporté le titre de Champion de France de Nationale à cause d’un retrait de quatre points (dont deux avec sursis) prononcé à la suite d’incidents survenus en septembre 2011 sur le stade de… Beauvais ! Cette sanction avait été infligée au club ajaccien suite à une échauffourée survenue après le coup de sifflet final, entre supporters corses et picards. Ainsi, seuls les clubs insulaires seraient dans l’obligation de faire régner l’ordre chez eux et tout incident ne pourrait avoir comme instigateurs que des Corses… Convaincu d’être victime d’une injustice qui aurait pu aussi lui coûter la montée en Ligue 2, le GFCA a d’ailleurs introduit un recours en annulation auprès du tribunal administratif de Bastia. Laurent Marcangeli considère lui aussi qu’il existe une volonté de rendre la vie difficile aux clubs corses. Le nouveau député d’Ajaccio a d’ailleurs dénoncé un « traitement inéquitable », exprimé son « inquiétude » et fait connaître sa volonté de défendre « avec force et détermination nos équipes ». Ayant par le passé dénoncé les excès des supporters de nos clubs et trop de « lascia corre » de la part des dirigeants, je suis particulièrement à l’aise pour affirmer que les instances du football français exagèrent. C’est évident, du côté de Paris, « ils nous en veulent » de faire avec peu, ce que certains clubs sont incapables d’obtenir avec beaucoup. Manifestement, la bonne santé sportive du football corse encore empreint d’amour du maillot et de gestion conviviale, irrite un football professionnel français qui cherche à se mettre à l’heure, mais aussi à la remorque, du Qatar et des Channels, et qui voudrait se hisser à la hauteur des grands clubs anglais, italiens, espagnols et allemands.
Alexandra Sereni