Recul du mariage, familles recomposées, homoparentalité, IVG, FIV, adoption, autant de mutations de la parentalité, de la famille, de la fécondation, et pourtant… Même si elle change et évolue, prenant le train de la société en marche, la famille, tout en chantier qu’elle est, reste une valeur refuge. Aujourd’hui, la tendance de la société est à la promotion de l’individu et des valeurs comme l’amour, la passion, le désir, et donc le choix, faisant fi des conventions sociales qui remontent aux fondations judéo-chrétiennes des conceptions de la famille. Aujourd’hui, la famille se conçoit avec une vision plurielle, et plus uniquement sur le modèle nucléaire, hérité du monde romain.
Familles plurielles
Les familles sont soit nucléaires (une structure familiale composée d’un couple monogame marié ou non avec les enfants issus du couple), soit étendues (ou élargie, communautaire, ou indivise, c’est-à-dire qu’elles regroupent plusieurs générations), soit la famille recomposée (une famille issue de parents ayant eu des enfants d’une précédente union), ainsi que l’homoparentalité (lien de droit ou de fait qui lie un ou des enfants à un ou deux parents homosexuels). Toutes ces évolutions ont permis de réfléchir à de nouveaux droits pour la famille, qui ne peut plus se définir uniquement sur la différence des sexes et des générations, compte tenu de la diversification des modèles familiaux. D’où aussi la réflexion sur le statut du beau-parent. Après la fin de la patria potestas, qui donnait au père de famille un droit absolu de vie et de mort sur les siens, au profit de l’autorité parentale, on assiste à la rénovation de celle-ci, car les deux parents sont responsables de leurs enfants, moralement et juridiquement, même après la séparation. Les naissances hors mariage progressent également, tout comme les PACS… et les divorces.
Familles monoparentales
Selon une étude statistique de l’Insee, « En 2006, 1,2 million d’enfants de moins de 18 ans vivaient au sein d’une famille recomposée en France métropolitaine. Parmi eux, 800 000 vivaient avec un parent et un beau-parent, le plus souvent un beau-père. Quand leur parent et leur beau-parent n’ont pas d’enfant en commun, ils vivaient dans une famille comprenant peu d’enfants. Ainsi, pour un tiers, ils sont les seuls enfants de la famille. » L’une des conséquences de cette mutation sociale est la nécessaire gestion du droit de la famille, puisque 9 % des enfants mineurs vivent dans une famille recomposée, il faut bien gérer les relations avec l’autre parent des enfants. Toujours selon les statistiques de l’Institut, en 2006, 78 800 familles résidaient en Corse. De manière générale, les enfants y sont plus rares qu’au niveau national : 75 % des familles corses ont au maximum un enfant, contre 70 % des familles continentales. Parmi les familles, se distinguent les couples (avec ou sans enfant) et les familles monoparentales. En Corse, la proportion de familles monoparentales est largement supérieure au niveau national : 18 % contre 13 %. Ainsi, 14 700 enfants de moins de 25 ans vivent dans une famille monoparentale, soit 23 % des enfants de cette tranche d’âge, contre 18% au niveau national.
Difficultés de la nouvelle parentalité
Selon un sondage CSA pour la fondation K d’urgences publié début avril, le manque d’aides publiques aux familles monoparentales est l’une des principales difficultés évoquées par les intéressées. 53% des Français estiment que ces familles ne sont « pas suffisamment » aidées par l’État tandis que 35% pensent l’inverse. Parmi les familles monoparentales interrogées, la proportion des personnes qui pensent que l’on n’est pas « suffisamment aidé » monte à 79% tandis que 19% pensent l’inverse. 66% des familles monoparentales estiment aussi qu’il n’existe pas « assez de solutions de garde d’enfants pour les familles monoparentales défavorisées ». Nulle surprise donc à ce que le Haut conseil de la famille (HCF) ait prôné vendredi dernier une hausse des prestations familles, en particulier pour les ménages les plus modestes. L’OCDE a salué la politique familiale française (la France dépense 3,8% de son PIB pour les familles), tout en jugeant que des progrès pouvaient être réalisés, notamment en poussant les pères à prendre un congé parental.
Maria Mariana