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Faits d’aujourd’hui

mardi 1er mars 2011, par Journal de la Corse

Kadhafi

DÉGAGE !

Toute chose a sa fin. Fini le temps où, en Corse, certains avaient pour Mouammar Kadhafi les yeux de Chimène et pensaient confier l’avenir énergétique de l’île à ce tyran mégalomane. Finie aussi la vision Tino Rossiste, par les télévisionnistes du Mediterraneo.

Ce Mediterraneo ne l’a-t-on pas entendu qualifier encore de « Mare nostrum » ? Comme s’il s’agissait d’une « croisière bleue » vers les « beaux rivages ensoleillés ». Et voilà que ce tyran sanguinaire vacille. Les Tunisiens qui s’étaient installés sont pourchassés et, apeurés, fuient déguenillés vers le pays natal. Un de ces fuyards, venant de franchir la frontière s’est écrié : « Pourtant nous sommes tous des musulmans ! » Mais ce soulèvement du sud de la Méditerranée qui déquille, les uns après les autres, les potentats de ces pays d’Afrique ne semble pas être une affaire de religion. Les troubles vont du golfe persique à la côte atlantique. C’est une vague de fond qui recouvre tout ce qu’il est convenu d’appeler « le monde arabe ». Or cette expression cache en réalité une grande diversité. Certains pays ont des richesses naturelles, d’autres sont des pays pauvres. Certains, comme le Maroc, sont des monarchies, d’autres sont des régimes autoritaires. Certains tolèrent le pluripartisme, d’autres sont assis sur un parti unique totalitaire. La plupart ont été gouvernés depuis le 16e siècle par le Calife Ottoman. D’autres, tels le Maroc ou l’Egypte ont conservé leur identité pendant des siècles jusqu’à notre époque. Bref, les Etats modernes diffèrent des Etats féodaux se distinguant des régimes militaires. Les frontières nationales, séparent les Etats contrairement au rêve nassérien de l’unité. Et mêmes ces nations qui se sont proclamées progressistes et socialistes à la suite de coups d’Etat militaires, ont des conceptions différentes du socialisme. Alors, qu’elle est l’origine de ce « tsunami » qui balaie les pays arabes ? Il y a bien un lien entre toutes ces masses soulevées. Certes, apparaît tout de suite l’absence de démocratie parlementaire, à l’inverse des pays occidentaux. L’aspiration aux libertés individuelles et publiques joue certainement un rôle. Mais le lien le plus évident entre ces troubles est bien le malaise social des masses musulmanes. Népotisme et corruption caractérisent ces divers pays. Leurs indicateurs sociaux sont désastreux. L’inégalité entre les classes y est très accentuée. Enrichissement extraordinaire des gouvernants et de leur entourage et peuple miséreux, ou même citoyens éduqués dans une pauvreté accrue par la montée des prix des produits alimentaires et des matières premières. Décalage considérable, économique, politique et social de ces sociétés avec celles du monde occidental. A tel point que celui-ci est devenu à leurs yeux un « eldorado ». Jeunesse et chômage vont de pair chez les moins de quinze ans qui constituent 35% de la population (17% en Europe). Le taux de chômage des sociétés maghrébines est de 30% et plus. Alors, il est difficile de croire que cette situation se redressera par un coup de baguette magique, avec la disparition des tyrans. C’est pourquoi ce qui se passe en Méditerranée est quelque chose d’hors normes. On peut s’attendre à des flux migratoires considérables. Les tensions semblent extrêmes et l’avenir immédiat est imprévisible.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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