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Euro-Méditerranéen

jeudi 17 mars 2011, par Journal de la Corse

Les efforts ne servent à rien

Les agences de notation viennent de baisser une fois de plus la note attribuée à la Grèce réduisant à néant les efforts accomplis par ce pays depuis plus d’un an. Dans de telles conditions, les admonestations du FMI et la dictature boursière deviennent les ferments d’un soulèvement populaire qui pourrait sauter par-dessus la Méditerranée.

La Grèce lourdement sanctionnée

L’agence de notation Moody’s a annoncé avoir dégradé la note des principales banques grecques après avoir abaissé de trois crans la note du pays en invoquant le risque d’une restructuration de sa dette après 2013. Moody’s avait de nouveau abaissé lundi la note de la Grèce en invoquant des difficultés économiques persistantes dans le pays et le risque de restructuration de la dette après 2013, plaçant le pays dans la catégorie des pays dits à risque de défaut sur leur dette, ne présentant qu’une faible sécurité de remboursement sur le long terme. Dans l’immédiat, la décision de Moody’s a accru la dette grecque : le pays a dû payer plus cher pour emprunter mardi 1,625 milliard d’euros à six mois, à un taux de 4,75 %, contre 4,64 % lors de l’émission similaire précédente le 8 février. Cela signifie tout simplement que les efforts considérables consentis par les contribuables grecs n’ont servi à rien et que le pire est à venir. Or entre-temps, le FMI, avait conseillé à la Grèce (qui a déjà vendu aux Chinois le port d’Athènes) de brader ses monuments historiques et ses plages, privatisant ainsi le pays.

La contagion méditerranéenne

Or tandis que la Grèce entrait dans la zone des tempêtes, l’Espagne empruntait 4 milliards d’euros sur quinze ans après avoir été également sanctionnée par les agences de notation. Cela signifie tout simplement que ces deux pays ont le plus grand mal à tenir la tête hors de l’eau ce qui ne manque pas d’inquiéter les marchés qui, du coup, augmentent leur taux d’intérêt rendant la dette encore plus chère. L’Espagne compte aujourd’hui 20 % de sa population active au chômage. C’est un poids énorme qui pèse sur les dépenses sociales mais aussi sur la consommation. On voit mal, dans le contexte actuel, comment une partie de l’Europe tiers-mondisée par la crise, parviendra à s’en sortir, car sans consommation la dette ne peut que s’alourdir. Or l’Allemagne est aujourd’hui la clef de la situation. C’est le seul pays européen qui tire son épingle du jeu. Mais l’opinion allemande est loin d’accepter de « payer » pour les pays méditerranéens. Les Européens sont loin de s’entendre sur le renforcement du Fonds de soutien de la zone euro auquel risquent de faire appel l’Espagne et le Portugal. Ils s’étaient mis d’accord sur le principe pour augmenter sa capacité effective de prêt et le doter de nouveaux outils. Mais ils butent sur ces nouveaux instruments, notamment pour savoir s’ils doivent permettre désormais au Fonds de soutien de racheter directement de la dette des pays en difficulté sur les marchés. L’idée est contestée en Allemagne. La chancelière allemande Angela Merkel, confrontée à des échéances électorales régionales, est sous pression au sein de sa majorité politique pour se montrer ferme. La question d’une éventuelle baisse du taux d’intérêt que doivent verser l’Irlande et la Grèce en échange des prêts de l’UE n’est pas non plus tranchée.

Quand aurons-nous la force de dire non ?

En Europe, cette crise ravive les angoisses des plus démunis et de la basse classe moyenne. L’une des réponses les plus immédiates est, pour l’instant, le recours à l’extrême-droite populiste qui a le vent en poupe dans la plupart des pays. La recherche des boucs émissaires est devenue une généralité européenne. Cela ne résoudra rien mais l’impopularité de la couche dirigeante est telle que nous nous trouvons dans une situation qui ressemble à celle de 1931. L’avenir est sombre car le système ne sait pas résoudre l’équation qu’il a posée : comment réduire le pouvoir d’achat des consommateurs tout en laissant les banques et la bourse spéculer sur une illusion économique. Le problème est que la gauche n’a rien anticipé comme en témoigne l’appartenance de Ben Ali le dictateur tunisien à l’Internationale socialiste ou encore les félicitations adressées un mois avant l’explosion par le FMI et son directeur Strauss Kahn au dictateur Kadhafi pour son bilan économique. Ces gens-là ne comprennent rien à l’homme et à ses colères. Lorsque la Méditerranée, berceau de notre civilisation, est malade c’est l’ensemble de l’Europe qui l’est à terme. Il est des situations qui ne possèdent pas de résolution et qui exigent comme le nœud gordien d’être tranchée à vif afin d’éventuellement redonner naissance à autre chose.

GXC

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