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Être mâle aujourd’hui

jeudi 14 juin 2012, par Journal de la Corse

Qu’est-ce qui fait l’homme ? Alors que la lutte pour l’égalité se fait sur tous les fronts, est-il besoin de réagir à une société qui se féminise en se comportant ou en valorisant les machos ? La masculinité est clairement devenue plurielle, embrouillant davantage les codes sociaux et perturbant les genres, déjà bien tourmentés par la multiplicité des systèmes familiaux. Le genre masculin est en mutation, rompant ou affirmant les valeurs traditionnelles. A priori, il n’y a plus que dans les règles de grammaire que le masculin l’emporte sur le féminin.

Redéfinir le masculin

Au fur et à mesure que la femme a pris une place à part entière dans la société civile, l’homme s’est senti dépossédé de certaines prérogatives jusqu’alors réservées à son genre, le genre faisant « référence à l’ensemble des caractéristiques et des comportements qu’une société donnée associe et attend de façon différente des femmes et des hommes ». L’homme urbain a du mal à affirmer sa virilité avec les vieux codes, éculés et archaïques. La virilité, c’est-à-dire « ce qui fait l’homme dans l’homme », ne peut plus se réduire à la force physique, le goût de la domination des autres, l’héroïsme guerrier, le courage, la puissance sexuelle et financière, le symbole de la sécurité… Au-delà de la définition, c’est un mythe. Car on ne naît pas homme… on le devient ! Ce qui est viril ici, ne l’est pas forcément ailleurs, ou chez nos voisins. Et cela a évolué au cours des siècles : les éphèbes de l’Antiquité étaient considérés virils, au XVIe siècle c’étaient les gentilshommes courtois et délicats, aujourd’hui, ce sont les bodybuildés au corps huilé. Après tout, un homosexuel peut être tout autant viril qu’un hétérosexuel, et n’en demeure pas moins homme. N’oublions pas que chez Socrate, se faire sodomiser était pour les garçons un rituel initiatique d’accès à la virilité. Sans compter que les modèles masculins sont pléthores et avant tout culturels. Croire en une forme universelle et immuable de masculinité, c’est forcément créer un mythe. Un homme ne doit pas forcément être performant pour tout, ni être poilu et super membré… Le genre masculin est varié.

Humain d’abord

Si l’on s’en tient à la définition de la représentation sociale, soit « une organisation d’opinions socialement construites, relativement à un objet donné, résultant de communications sociales, permettant de maîtriser l’environnement et de se l’approprier en fonction d’éléments symboliques propres à son ou ses groupes d’appartenance », on peut dire que les genres, masculins ou féminins, sont codifiés par un groupe et que c’est la répétition et l’acceptation de ces codes qui finissent par les définir. D’où la définition cumulative de l’homme qui est à la fois fort, responsable, aimant, attentionné, opiniâtre en toutes situations, sans larme et avec bravoure, et aussi séducteur, orgueilleux, qui ne se laisse marcher dessus par personne jamais. Si un homme pleure, c’est l’émotion, jamais de tristesse ou de douleur. Un homme, ça ne fait pas sa chochotte. C’est dans cette conception dominante de la masculinité que sont élevés la plupart des hommes. Les Corses, aux idées très méditerranéennes, voire machistes, très sanguins, plus enclins à la relationnalité qu’à la rationalité, au profit social qu’au profit matériel, préférant la réciprocité des droits et des devoirs que les règles, et procédures, ne nieront certainement pas. Finalement, en dehors des caractéristiques biologiques, sociologiquement et culturellement, le masculin se définit par opposition au féminin, et vice versa, les deux composants l’humain.

Figures masculines

Et le marketing ne s’est pas trompé de cible dans le lancement de ses nouvelles marques, la pub ayant bien compris que la segmentation par genre pouvait rapporter gros. Pour preuve, le secteur de la beauté, qui ne vise plus uniquement les femmes. En la matière, il existe quatre figures masculines dominantes et identifiées dont se servent les marques pour vendre leurs produits : l’übersexuel à la virilité revendiquée (homme mature, type latin lover, de pouvoir), le casual à la virilité intégrée (« mec ordinaire » qui cherche sa virilité), le métrosexuel qui assume sa part de féminité, l’androgyne à la féminité exacerbée. La coquetterie ne serait donc plus l’apanage des femmes, mais bien – à nouveau– affirmée par les hommes. Alors quid des autres caractéristiques ? On partage aussi ?

Maria Mariana

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