La pollution atmosphérique plus dangereuse que l’alcool ? Il semblerait que oui suite à la publication de travaux dans la revue médicale The Lancet le 26 février 2010. Selon ces études, en prenant en compte le nombre de personnes exposées, l’exposition à la pollution devient le premier facteur de risque d’attaques cardiaques, avant même l’exercice physique, l’alcool, le café, l’activité sexuelle et la drogue. De quoi prendre au sérieux le moindre risque, et de considérer cette question non plus seulement du point de vue écologique, mais bien aussi d’un point de vue sanitaire et économique.
IQA, on respire
L’indice de la qualité de l’air (IQA) est un « outil de communication simplifié permettant de décrire périodiquement sous une forme simple (qualificatif, chiffre) l’état global de la qualité de l’air dans une aire géographique donnée. » Les indices de la qualité de l’air sont des chiffres compris entre 1 (« très bon ») et 10 (« très mauvais »). L’IQA prend en compte quatre facteurs : l’ozone, le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre et les particules en suspension. L’IQA est calculé tous les matins à 9 heures pour la veille et une estimation pour la journée en cours est faite à 17 heures. Le calcul de l’IQA se fait à partir de sous-indices et de moyennes. Pourquoi l’IQA est-il si important ? Parce qu’il est déterminant dans les plans régionaux pour la qualité de l’air. Ces plans ont été mis en place par décret, le 6 mai 1998, suite à la loi cadre du 30 décembre 1996 sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (LAURE). L’article 24 de loi du 22 janvier 2002 transfère l’élaboration et la révision du plan régional de la qualité de l’air (PRQA), à la Collectivité Territoriale de Corse.
L’IQA en Corse
Le PQRA prévoit notamment l’évaluation de la qualité de l’air dans la région, au regard d’objectifs de qualité : évaluation des effets de la qualité de l’air sur la santé, les conditions de vie, les milieux naturels, le patrimoine ; inventaire des émissions des substances polluantes ; relevé des organismes qui contribuent à la connaissance de la qualité de l’air et de son impact sur l’homme et l’environnement. Ainsi la surveillance de la qualité de l’air est dévolue à une association (Qualitair Corse). La nature et l’origine des principaux polluants atmosphériques ont été identifiés et classifiés : les polluants primaires sont directement émis dans l’air ambiant par des sources d’origine naturelle (océans, végétation, volcans) ou anthropique (industries, transport, chauffage). Les deux principales missions de l’association Qualitair sont la surveillance de la qualité de l’air et la diffusion des résultats. Début septembre, l’association a alerté sur un pic de pollution en Corse-du-Sud : il s’agissait de particules très fines, inférieures à 10 micromètres, et il était vivement conseillé aux jeunes enfants, aux personnes asthmatiques ou allergiques, aux personnes âgées ou souffrant d’insuffisance respiratoire d’éviter toute activité sportive et de ne pas fumer. Malgré cette alerte, la Corse ne connaît pas souvent de gros pics de pollution. Ce qui ne l’empêche pas de faire partie des cinq régions qui n’ont pas encore élaboré leur second Plan régional Santé Environnement, une obligation européenne.
Pollution et qualité de vie
Certes, la pollution atmosphérique est un phénomène complexe, difficile à appréhender avec rigueur. Améliorer la qualité de l’air est une préoccupation d’ordre mondial, ainsi que l’a inscrit le Grenelle. Pourtant, la France s’est faîte épingler par l’Europe car « La France n’a toujours pas pris les dispositions nécessaires en ce qui concerne plusieurs installations industrielles, afin de garantir leur conformité avec une directive destinée à éviter la pollution industrielle ». La France est un peu à la traine sur les valeurs limites (celle du Grenelle est de 15 µg/m3, la France l’a fixée à 20 µg/m3), alors que les résultats du programme Aphekom* a mis en évidence le lien entre la pollution de l’air, l’espérance de vie et les maladies chroniques ; en outre, le coût de l’impact des particules fines est estimé à 31,5 milliards d’euros annuels. De quoi réaffirmer qu’en dépit des mesures de lutte, la pollution de l’air reste une question majeure de santé publique.
Maria Mariana