La rentrée des réformes La rentrée scolaire 2010 a débuté de façon inédite avec une journée de grève le 6 septembre par les deux principaux syndicats d’enseignants des collèges et lycées (SNUIpp et SNES-FSU). Le lendemain, le 7 septembre, les salles de classe étaient désertées par leurs professeurs partis manifester contre la réforme des retraites. La Corse a certes échappé à cette agitation avec son calendrier décalé mais n’en demeure pas moins concernée par les réformes et sera impactée par les suppressions de postes. Ecoliers, collégiens et lycéens corses ont repris le chemin de l’école le 9 septembre. Les 43 établissements insulaires ont accueilli élèves et enseignants pour une année scolaire marquée essentiellement par les réformes. Le lycée fait sa révolution La réforme du lycée général et technologique constitue la grande nouveauté de cette rentrée. La seconde prévoit un tronc commun élargi composé de neuf disciplines auquel s’ajoutent trois heures pour deux enseignements d’exploration dont un lié à l’économie et six heures d’options. Le taux horaire de quatre disciplines, français, histoire-géographie, sciences de la vie et de la terre, physique-chimie a été revu à la baisse. Tous les programmes de seconde ont été révisés, à l’exception du français et de l’instruction civique, ce qui n’a guère laissé le temps aux éditeurs d’actualiser les manuels scolaires. Un élève sur deux n’aura pas de livres dans son sac jusqu’à mi-octobre. Mais toutes les ressources pédagogiques nécessaires seront à la disposition des enseignants pour suivre sereinement le programme dès les premiers jours. La classe de première perd de sa spécialisation pour devenir plus générale. L’objectif de ces modifications reste de faciliter l’orientation de l’élève qui peut changer de série sans être trop pénalisé. A tous les niveaux, chaque élève bénéficie d’un accompagnement personnalisé de deux heures hebdomadaires qui prendra la forme de soutien scolaire ou d’approfondissement de ses connaissances. Chaque établissement est chargé de mettre en Å“uvre ces deux heures supplémentaires. Entre le tronc commun, les enseignements d’exploration, les options et l’accompagnement individualisé, l’élaboration des emplois du temps s’est avérée être ardue pour le personnel administratif. Professeurs et élèves accueillent plutôt favorablement cette première étape d’une réforme plus vaste du lycée et entièrement remodelée après les manifestations étudiantes à l’hiver 2009. Journée partagée Le collège échappe à la cohorte des réformes qui bouleverse l’Education nationale. Néanmoins, une nouvelle épreuve compose désormais le brevet des collèges : l’Histoire des arts. Le collège devient également un lieu d’expérimentation des rythmes scolaires. La journée partagée sera testée pendant trois ans dans 124 établissements dont 4 en Corse : le lycée Pascal Paoli à Corte et les collèges Saint Joseph à Bastia, Laetitia Bonaparte à Ajaccio et Georges Clémenceau à Sartène. Cours le matin, activités sportives ou artistiques l’après-midi. Quelques classes par établissement sont concernées par cet emploi du temps partagé. La mise en pratique d’activités sportives et artistiques l’après-midi est destinée à rencontrer quelques cafouillages, entre des équipements sportifs insuffisants et un effectif limité. La contribution des collectivités locales sera nécessaire pour optimiser cette expérimentation, ce qui fait grincer des dents les syndicats. Ils reprochent au ministère de se délester de certaines de ses responsabilités sans pour autant fournir les moyens financiers de cette prise en charge forcée. Masterisation contestée C’est sans doute sur la réforme du recrutement et de la formation des enseignants, la masterisation, que se cristallise le plus l’ire du corps enseignant. En cette rentrée de septembre, quelque 15.472 enseignants franchissaient la porte d’une salle de classe pour la première fois ou presque. En Corse, ils sont 25 novices en école primaire et 17 dans le second degré. Une réforme des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) était certes nécessaire, notamment dans le cadre de l’harmonisation des pays européens pour la formation des enseignants, mais les syndicats dénoncent des modifications inappropriées. Depuis la création des IUFM en 1990, les étudiants accédaient à une formation professionnelle et pédagogique après un concours accessible à bac + 3. Depuis cette année, les étudiants sont recrutés à bac + 4 et bac + 5 à partir de 2011. Pendant l’année de Master, les étudiants sont concentrés à la fois sur la validation de ce diplôme et l’obtention du concours de recrutement. Les stages ne sont pas obligatoires pour les lauréats alors qu’ils constituent le cÅ“ur de la formation professionnelle et pédagogique. Donc des enseignants deviennent responsables de classes sans avoir été confrontés aux élèves depuis leur recrutement…. Le ministre de l’Education, Luc Châtel, s’est montré rassurant à ce sujet lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée. Il a précisé que l’année 2010-2011 était une année de transition et que les stages de préprofessionnalisation interviendraient pour la promotion suivante. Le ministre a souhaité désamorcer la polémique en assurant que les professeurs stagiaires, dans le premier comme le second degré, étaient encadrés par des tuteurs missionnés pour transmettre la pédagogie, dispenser des conseils et répondre aux interrogations. Les débutants seront accueillis tout au long de l’année dans l’académie pendant des sessions de 2 à 4 jours par petits groupes ou lors de stages individualisés afin de parfaire leur formation. Et a ajouté, argument imparable, que cette la masterisation ajoutait 157 € sur les bulletins de salaire des professeurs des écoles et jusqu’à 249€ pour les enseignants agrégés. Système de remplacement plus performant «  Trop lent, trop rigide  » auparavant, «  plus réactif  » désormais. Le ministre a souhaité mettre en Å“uvre une meilleure organisation du système du remplacement des professeurs absents. Le délai de carence de 14 jours pendant lesquels le lycée devait trouver lui-même des solutions de remplacements tombe. Dorénavant le rectorat est informé immédiatement des absences des enseignants et met à disposition le vivier de remplacement composé de titulaires remplaçants et de contractuels, parmi lesquels figurent des professeurs, de retraités, d’étudiants en formation. Sur ces 50.000 personnes disponibles, entre 50 et 80 % sont utilisés tout au long de l’année. Cette réorganisation du système permet également de mettre en adéquation les besoins de remplacements, les zones géographiques et les compétences des professeurs. Bref, cette rentrée 2010 ressemble finalement à toutes les précédentes : des tensions du côté des syndicats, un optimisme infaillible de la part du ministre, des incertitudes pour les parents et des élèves studieux… M.K Â