Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, notre enfer sur terre risque bientôt d’être pavé de déchets ménagers. Cela fait plusieurs années que des écologistes plaident pour une prise en compte sérieuse du problème, avant que toutes les villes de France ne se transforment en déchèterie à ciel ouvert. Parce qu’à l’horizon 2015, dans trente départements en France, il n’y aura plus suffisamment de solutions de stockage ou d’incinération pour les déchets. Alors il serait peut-être temps de sortir la tête du sac…
Déchets casse-tête
La Corse fait partie de ces départements qui doivent affronter ce casse-tête du traitement des déchets ménagers. Ni Ajaccio, ni Bastia ne possèdent de site d’enfouissement. La Corse ne compte que six décharges autorisées de capacité modeste (4 en Corse du Sud et 2 en Haute Corse). La région dénombre 47 décharges communales non autorisées en fonctionnement (11 en Corse du Sud et 36 en Haute Corse) et 39 décharges communales fermées mais non résorbées (14 en Corse su Sud et 25 en Haute Corse). Malgré les deux plans PIEDMA (Plan Interdépartemental d’Élimination des Déchets Ménagers et Assimilé de Corse) et PREDIS (Plan Régional d’Élimination des Déchets Industriel), les déchets s’accumulent. Ces plans visent à planifier la collecte, le traitement et l’élimination des déchets ménagers et assimilés, ainsi que les déchets industriels. Ces deux plans prévoient à l’horizon 2014, 366 055 tonnes par an de déchets industriels. Il reste également quelque 8 000 carcasses automobiles et ferrailles à retirer, sans compter le nombre de dépôts sauvages. Si la Corse veut rester une île de beauté, des mesures sérieuses doivent être prises, au-delà des considérations politiques. Le Plan de Développement de la Corse a fixé le secteur « déchets » comme une priorité.
… et casse-pieds
Autre problème de taille pour une île si populaire : le surcoût lié à la production de déchets touristiques, surcoût souvent pris en charge par les habitants des communes concernées, même si la région octroie des aides. La collecte des déchets ménagers et assimilés n’est pas non plus sans problème, avec des équipements à avoir pour les communes, isolées ou réunies en intercommunalité. Et côté recyclage s’est sérieusement posée la question du paiement du recyclage. Eco-Emballage est investie depuis 1992 d’une mission d’intérêt général : organiser, superviser et accompagner le tri des emballages ménagers en France. Mais les partenaires ont eu du mal à se mettre d’accord sur le montant du nouveau barème de contribution. En effet, depuis la loi Grenelle 2, la contribution que versent les entreprises (en 2009, 50 350 entreprises ont versé 418 millions d’euros de contribution) doit être revue à la hausse pour atteindre 930 millions d’euros.
Les bonnes intentions
Les différents Grenelle peinent à régler le problème, pourtant ils sont plein de bonnes intentions. Le PIEDMA préconise aussi une organisation de l’île en 9 bassins. Chaque bassin est organisé autour d’un centre de regroupement des circuits de collecte qui comprend une station de transit des déchets résiduels, une déchetterie principale où sont rassemblés les déchets de la collecte sélective, plusieurs déchetteries de proximité, un centre d’enfouissement de classe III pouvant accueillir les déchets inertes. Les déchets verts seront accueillis dans des centres de compostage, ils peuvent être collectés au même titre que les déchets recyclables, pour cela le plan suggère une souplesse dans l’organisation de la collecte de ce type de déchets, ainsi des plates formes de compostage seront préférablement positionnées à proximité de l’habitant, soit sur le site de la déchetterie. Le plan propose comme solution de traitement final, le traitement thermique avec valorisation énergétique. Le PIEDMA prévoit aussi la création d’un Observatoire Régional des Déchets, dont les objectifs sont de suivre l’évolution de la production et du traitement des déchets auprès des producteurs, collecteurs et éliminateurs à travers une base de données, et aussi de diffuser de nombreuses informations à destination des décideurs et du grand public. Ces informations sont capitales pour une meilleure gestion des déchets, prendre des bonnes décisions pour la collectivité.
Maria Mariana