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Disparition

jeudi 24 février 2011, par Journal de la Corse

Jumelles

Alessia et Livia

Que sont-elles devenues ?

Les investigations se poursuivent pour retrouver les jumelles suisses âgées de 6 ans, tandis que l’entourage personnel et professionnel de leur père, Matthias Schepp, qui s’est suicidé le 3 février, est disséqué par les enquêteurs.

C’est en tenant dans ses mains les doudous de ses filles qu’Irina Lucidi s’est présentée, dimanche 13 février, aux journalistes réunis dans une salle de l’aéroport d’Ajaccio. D’une voix émue, l’Italienne, a remercié la police et les médias pour « l’énergie et le cœur » dont ils font preuve pour retrouver ses « enfants qui (lui) manquent tant ». Le matin même, Irina Lucidi avait débarqué d’un avion privé mis à sa disposition par son employeur, la multinationale Philip Morris, avec l’un de ses frères sur le tarmac ajaccien. Après un entretien avec les inspecteurs suisses, arrivés la veille sur l’île de beauté, et leurs homologues français, elle a embraqué avec eux à bord d’un hélicoptère qui a survolé le sud de la Corse puis Macinaggio et la plage de Tamarone, dans le Cap Corse. Mais aucun élément nouveau sur la localisation des fillettes n’est apparu après ce périple aérien.

Portées disparues depuis le 30 janvier

Le 1er février, Matthias Schepp, ingénieur âgé de 43 ans, a débarqué d’un navire de la Compagnie méridionale de navigation en provenance de Marseille sur le port de Propriano avec ses filles Alessia et Livia, deux blondinettes âgées de 6 ans. Deux jours auparavant, au terme de son week-end de garde, il n’a pas ramené ses filles à leur mère. Ils étaient séparés depuis juin 2010. Il a quitté son domicile de Saint-Sulpice, village du canton de Vaud, en Suisse et a franchi la frontière française avec son Audi break noir. Irina Lucidi intriguée par un texto lui signifiant qu’il emmènerait lui-même les enfants le lendemain à l’école se précipite dans la maison qu’occupe désormais seul son ex-mari. Elle découvre que les doudous et les affaires des jumelles sont toujours dans leur chambre. Elle alerte immédiatement la police suisse. Les recherches s’accélèrent le 4 février à la découverte du corps de Matthias Schepp qui s’est jeté sous un train la veille au soir dans la gare du village de Cerignola, village des Pouilles en Italie. Aucune trace des jumelles.

Vivantes en Corse

Lors de leurs investigations, les enquêteurs découvrent qu’Alessia et Livia sont venues en Corse le 1er février avec leur père qui a quitté l’île le soir même, seul. Dans des lettres qu’il a envoyées à son ex-femme au gré de son itinéraire, il annonce son suicide et déclare avoir tué Alessia et Livia assurant qu’ « elles reposent en paix », qu’ « elles n’ont pas souffert » et qu’Irina Lucidi « ne les (reverra) pas, sans donner plus d’indications sur l’endroit où il aurait pu abandonner les deux corps. A l’appel à témoins lancé en Corse par la police judiciaire répondent de très nombreux témoignages. Une habitante de Propriano indique avoir vu les jumelles avec leur père accompagné d’une femme âgée d’une quarantaine d’années aux cheveux clairs le matin du 1er février. Un homme à Pianotolli affirme avoir vu le break garé devant la supérette du village. A Favone et San Giuliano, la voiture et son chauffeur ont également été aperçus. Enfin, un homme à Macinaggio assure s’être garé à côté d’un véhicule noir immatriculé dans le canton de Vaud à l’intérieur duquel étaient assis un homme et une femme aux cheveux châtain. En Italie, Matthias Schepp a été aperçu déjeunant seul dans un restaurant de Naples le mercredi 2 février. Plusieurs témoins garantissent avoir vu le trio le lendemain dans un bar à Cerignola, village où s’est suicidé l’ingénieur.

Toutes les hypothèses sont possibles

Les enquêteurs tentent de retracer son parcours depuis son départ de Saint-Sulpice le 30 janvier à son suicide quatre jours plus tard dans le sud de l’Italie. Lorsqu’il s’est jeté sous le train reliant Naples à Bari, il avait sur lui le GPS qui a été pulvérisé et ne pourra donc livrer aucune information sur les déplacements de l’Audi break noir. En revanche, son magnétophone duquel il ne se séparait jamais et qui contiendrait des informations capitales sur le sort d’Alessia et Livia n’a toujours pas été retrouvé. Une réunion entre les services d’investigations français, suisses et italiens s’est tenue à Marseille le 16 février. Plus de deux semaines après la disparition des jumelles, l’hypothèse qu’elles soient toujours en vie n’est pas écartée des enquêteurs qui étudient sérieusement la piste d’un éventuel complice. « Nous ne pouvons être convaincus de rien. Toutes les hypothèses sont possibles, même les plus étonnantes. On ne peut écarter de façon définitive aucune piste », a affirmé le procureur de la république à Marseille, Jacques Dallest. Et le procureur du ministère public de Lausanne, Pascal Gillieron, d’ajouter : « On laisse ouvertes toutes les portes, la possibilité d’un tiers reste présente, mais nous n’avons aucune certitude à ce stade ».

M.K

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