Frédéric Lefebvre, le secrétaire d’Etat au tourisme, a signé une convention lors d’un déplacement à Ajaccio le 21 juillet en faveur du développement touristique avec l’Agence du tourisme de la Corse et Atout France, groupement d’intérêt économique et opérateur unique de l’Etat.
Après l’Ile-de-France et la région Rhône-Alpes, c’est la troisième convention de ce type que signe l’opérateur de l’Etat dans le secteur touristique. Ce partenariat poursuit trois axes. Il est prévu tout d’abord de mettre l’outil marketing à la disposition de l’attractivité de la Corse comme destination touristique. Un système de veille touristique sera mis en place pour répondre aux attentes des vacanciers. Il s’agit de définir en partenariat avec les professionnels insulaires les grandes thématiques qui fonderont la politique touristique de l’île. Ensuite, développer l’offre à haute valeur ajoutée synonyme d’emplois et de retombées économiques constitue une priorité. Enfin, la promotion de la destination Corse sur les marchés étrangers permettra d’élargir la clientèle des vacanciers. Un effort quant à son accessibilité surtout via les transports aériens doit être envisagé.
20% du PIB
Cette convention signifie pour Frédéric Lefebvre diriger l’île de beauté vers « un tourisme de qualité qui respecte l’identité et l’environnement ». Vanina Pieri s’est félicitée de ce partenariat qui permet « de travailler ensemble sur un contrat de destination » et « de passer d’une économie de cueillette à un tourisme structuré ». L’allongement de la saison estivale et la proposition de loisirs qui ne sont pas uniquement centrés sur les activités balnéaires sont des enjeux du tourisme de demain. Ce secteur représente 20% du produit intérieur brut de la Corse contre une moyenne nationale de 6%. Depuis des années, si ce n’est des décennies, les professionnels de cette filière réclament une table ronde avec la Collectivité territoriale et l’Etat pour répondre à cette épineuse question : « Quel tourisme pour la Corse ? ». Ils estiment que l’unique moyen pour l’île et ses habitants de ne pas subir ce tourisme est de le maîtriser. Ces dernières années, la fréquentation estivale n’a cessé de croître pour atteindre des taux record en 2009. Cette augmentation fulgurante de la population n’est pas sans impact sur l’environnement et les équipements publics. L’île dispose d’un patrimoine, d’une gastronomie, d’une culture, d’un environnement et d’un terroir qui ouvrent sur de multiples possibilités. Les séjours patrimoniaux, thématiques, urbains et culturels, sans oublier le tourisme d’affaires apparaissent comme des niches qui permettront à la destination Corse de gagner en atouts. Pour Frédéric Lefebvre, « la Corse constitue une terre de prédilection pour les filières touristiques à haute valeur ajoutée ».
Ambiance morose
La saison estivale 2011 ne semble pas tenir ses promesses. Après le printemps arabe, nombreux ont été les observateurs à prédire que les destinations du Maghreb étant boudés par les touristes, la Corse deviendrait une destination incontournable. Dès la fin juin, Dominique Subrini, président de l’hôtellerie de plein air, tirait la sonnette d’alarme et annonçait des chiffres en baisse de 30%. Diminution de la fréquentation confirmée par les gîtes de France. Les cafetiers et restaurateurs dressent le même constat : la consommation est en berne. Pour les repas, les vacanciers ont un seul mot d’ordre : le partage. Tous les plats sont bons à être consommer à plusieurs : une pizza pour quatre, une salade pour deux, un soda pour les enfants et une carafe d’eau pour tout le monde. Chaque année, les professionnels du tourisme l’attestent : la crise sévit. Mais il semblerait que rarement le pouvoir d’achat ait été si faible pour les estivants…comme les Corses. Ils sont de plus en plus nombreux d’ailleurs à proposer leur résidence principale à la location pendant quelques semaines voire les deux mois des grandes vacances et emménager temporairement au village ou chez des amis. Des lits supplémentaires qui échappent complètement au marché et qui pénalisent les hébergements marchands classiques. Le cercle des Grandes Maisons Corses estiment à 7.3 millions le nombre de nuitées enregistrées dans les résidences secondaires ou meublés. Une concurrence déloyale selon lui qui fait prendre des risques aux vacanciers. Les membres de ce cercle qui préconise d’axer le tourisme sur le luxe ont rendu un rapport édifiant sur les retombées économiques du tourisme tel qu’il est conduit actuellement : chaque vacancier ne dépenserait finalement que 50 euros. Une somme modique qui n’est guère à la hauteur des potentialités insulaires.
M.K