Deux pères se battent à l’heure où cet article est écrit pour la libération de leurs fils : Jean Toussaint Plasenzotti et Alain Orsoni. Leurs enfants sont actuellement en prison pour des raisons certes différentes mais liées au caractère d’exception de la justice en Corse.
Jean Toussaint Plasenzotti en grève de la faim
Jean Toussaint Plasenzotti est en grève de la faim afin d’obtenir la libération de son fils. Ce militant de l’extrême gauche nationaliste dénonce l’incarcération de son fils dans des conditions proprement invraisemblable. La justice l’a fait incarcérer car il aurait prêté les clefs de son appartement à un ami soupçonné d’avoir trempé dans une tentative d’assassinat. Deux des protagonistes de cette lamentable affaire qui s’est fort heureusement achevée par un fiasco, sont libres. Le problème est que Lisandru Plasenzotti, inspiré par son militant de père, a refusé de s’expliquer durant sa garde-à-vue, ce qui est légal et de donner son ADN ce qui est puni par la loi (article 706-56) : « Le fait de refuser de se soumettre au prélèvement biologique prévu au premier alinéa du I est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 Euros d’amende. » Or l’alinéa 1 recouvre tellement de situations diverses qu’aujourd’hui refuser un prélèvement d’ADN revient inévitablement à affronter les représentants de la loi. C’est ce qui est arrivé à Lisandru Plasenzotti qui a, de plus pâti des vacances judiciaires. Son incarcération est scandaleuse à plusieurs titres : en premier lieu, il faut rappeler que la détention préventive devrait être une exception. Or aujourd’hui sur les 66.000 détenus que compte la France, les deux tiers se trouvent dans cette situation, créant un état explosif dans les établissements pénitentiaires. En second lieu, ce qui est reproché à Lisandru Plasenzotti est moins grave que ce qui a valu aux autres personnes impliquées dans l’affaire une mise en liberté. Enfin, l’attitude de la magistrate et du procureur Pison révèle un vrai choc des cultures. En Corse, aider un ami (ce que récuse d’ailleurs Lisandru Plasenzotti) ne saurait être considéré comme un délit mais comme un acte honorable. Mais au-delà même des circonstances de cette incarcération, il y a le juste combat pour le refus du prélèvement d’ADN. Dans la droite ligne de la politique ultra sécuritaire du président Sarkozy, les forces de police sont en train de constituer une banque de données génétiques qui permettra de ficher très précisément toutes « les populations à risque » entendons par là en période de crise sociale, toutes les populations marginales susceptibles de créer des troubles. Il ne fait aucun doute que le jeune homme va être libéré rapidement. Néanmoins sa position de principe et celle de son père sont justes même s’il convient d’accepter le principe de tels prélèvements lorsqu’ils s’appliquent à des délinquants sexuels ou à des criminels de haute volée.
Alain Orsoni sur le pied de guerre pacifique
Guy, le fils d’Alain Orsoni, incarcéré depuis le mois de mars, a été remis à l’isolement sur la foi d’une rumeur qui courrait dans la prison du Pontet faisant état d’une possible évasion à l’explosif. Cette attitude de la direction pénitentiaire soulève de multiples problèmes. Le premier est la légitimité d’une telle décision. Elle est permise par l’une des lois liberticides voulue par le président Sarkozy. L’administration pénitentiaire peut utiliser une sorte de lettre de cachet qui lui permet de ne donner aucune explication, de n’apporter aucune preuve pour punir un détenu. Il est évident que Guy Orsoni qui espère être libéré dans les mois qui viennent n’a jamais caressé un tel projet. De surcroît l’architecture même du Pontet exigerait quelques tonnes d’explosifs. Mais qu’importe la crétinerie des affirmations administratives : le but est de punir encore et toujours ce détenu qui défie la JIRS et qui, crime inexpiable, est le fils de son père lequel a réussi à être libéré après une campagne et une grève de la faim.
Deux cas d’école
Le combat de ces deux pères pour leurs fils est donc exemplaire pour l’ensemble des citoyens que nous sommes. À travers une attitude affective, ils pointent la dérive de notre société vers le tout sécuritaire. Le récent limogeage du préfet Leclaire qui œuvrait à Marseille après un passage en Corse, démontre que la justice d’exception est parfaitement inopérante et finit par jouer contre ses propres auteurs. À Marseille, malgré l’agitation et la rodomontade de la JIRS les crimes graves ont augmenté de 40% en un an. Leclaire, sauveur du genre humain quand il remplaçait en Corse l’excellent Dominique Rossi sottement chassé après l’incident de la villa Clavier, est devenu tricard dans le monde policier. On ne va le plaindre car il est la victime de son propre système. Il se dit que le procureur Dallest est également assis sur un siège éjectable. Bon vent ! Il n’en reste pas moins que les combats justes s’appuient sur des réalités concrètes : la libération de Lisandru Plasenzotti et de Guy Orsoni en sont. Ces deux pères méritent qu’on les appuie.
GXC