Alors que le printemps frémit enfin, les beaux jours poussent les jeunes parents à sortir leurs nouveaux nés. Ils sont là, font la joie de leurs parents, qui ont peut-être connu des difficultés pour avoir ce plaisir, et ne sont pas forcément leurs géniteurs au sens biologique du terme. Devenir parents n’est pas toujours simple. Il existe différentes façons pour ce projet de parentalité, hors la procréation naturelle. Si aujourd’hui les autres voies sont bien connues, de la FIV à l’adoption, il existe des possibilités non exploitées, comme la mère porteuse, que les parlementaires ont maintenu hors-la-loi l’année dernière. Reste des questions en suspens, notamment celles de l’adoption pour les couples homosexuels. La société évolue plus vite que la loi.
Faire naître bébé
Selon les statistiques, la natalité en Corse est basse par rapport à la moyenne nationale, mais normale pour la Méditerranée. En effet, depuis le début des années 90, le nombre d’enfant par femme en âge de procréer est bas sur l’île. Plusieurs facteurs sociologiques peuvent l’expliquer et peut-être aussi un déficit de structures. Dans une étude sur les temps d’accès aux soins en France de juin 2011, la Direction des études du ministère de la Santé (Drees) a dévoilé des chiffres préoccupants sur l’accès aux maternités : 2% des femmes âgées de 15 à 49 ans en France résident à plus de 45 minutes de route d’une maternité. Un pourcentage qui explose à 31% en Corse, avec une augmentation de cet accès pour les grossesses dites « à risques » ou « classées de niveau 3 », puisque sur l’île les femmes dans ces cas n’ont pas accès à une maternité adaptée dans le délai de sécurité de moins d’une heure trente. Autre point noir, l’impossibilité de faire pratiquer sur place une FIV. La fécondation in vitro est réalisée sur le continent. Il n’y a pas de centre AMP (assistance médicale à la procréation) sur l’île. L’Agence de la biomédecine donne quelques résultats sur cette possibilité d’enfanter pour les couples qui ne peuvent pas avoir d’enfant naturellement. En 2009, la Corse a enregistré 97 tentatives d’insémination intra utérine (IAC) avec 13 enfants nés de ces essais. Quarante pour cent des couples qui ont recours à une fécondation in vitro parviennent à mettre un enfant au monde dans un délai moyen de cinq ans. Pour la moitié d’entre eux, le succès est obtenu dès la première tentative, 26% doivent attendre le deuxième essai et 13% le troisième. Dix pour cent subissent quatre tentatives successives. Ces résultats s’expliquent car la FIV est une solution qui vient après une insémination artificielle avec conjoint (IAC), ou encore la stimulation de la fonction ovarienne. Parmi les couples qui consultent pour un problème d’infertilité, 70% réalisent ainsi leur projet parental, sans recours à une FIV.
Voies parallèles
Lorsqu’aucune de ces solutions n’est possible, il reste l’adoption. Inévitablement, certains peuvent aussi être tentés par un tourisme « procréatif », vers l’Espagne pour la FIV, où il est beaucoup plus facile d’obtenir un don d’ovocytes (quelques mois contre 3 à 5 ans en France) ou de gamètes, ou des destinations « exotiques » pour les adoptions (il y a très peu de pupilles de l’État en Corse – seulement 3 en Corse-du-Sud en 2007 ; moins de 5 enfants sont adoptés chaque année en Corse où il n’existe pas de consultation spécialisée adoption), ou encore les États-Unis pour la GPA (grossesse pour autrui). Au nom de la loi de bioéthique, qui encadre toutes les activités médicales et de recherche qui utilisent des éléments du corps humain, seuls les couples hétérosexuels infertiles en âge d’avoir des enfants peuvent bénéficier d’une PMA, celle-ci étant médicale, et la gestation pour autrui est interdite et sanctionnée d’une peine de prison et d’une amende. Le projet de parentalité, lorsqu’il se heurte à trop d’obstacles choisit donc parfois des voies parallèles, qui oblige les parlementaires à revoir leur copie. Mais le temps de la politique est souvent plus long que celui de la société. Alors on assiste à des situations familiales et humaines pour le moins compliquées. D’autant qu’il ne faut pas oublier qu’aucune loi n’interdit à une femme d’être enceinte, même si elle décide de porter l’enfant d’une autre, comme aucune loi n’interdit à une femme d’être mère. Interdire ne semble donc pas être la solution. Accompagner le désir d’enfant et responsabiliser les futurs parents, quel que soit leur sexe, peut-être davantage.
Maria Mariana