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Des visites, des poignées de main et un attentat

jeudi 19 mai 2011, par Journal de la Corse

Inauguration du palais de justice rénové d’Ajaccio, visites des centres pénitentiaires de la cité impériale, Casabianda et Borgo, présentation du projet de réhabilitation de la prison ajaccienne et attentat avec séquestration d’un couple de retraités marseillais à Costi di Villanova étaient inscrits au programme du déplacement du ministre de la Justice, Michel Mercier, le 12 mai.

Le planning de la visite en Corse de Michel Mercier a connu un grain de sable dont les responsables politiques, judiciaires et militaires se seraient volontiers passé. Alors que le garde des Sceaux vient d’achever son discours dans une salle d’audience du palis de justice d’Ajaccio qu’il vient tout juste d’inaugurer, un couple de retraités voit débarquer dans la cuisine de leur maison à peine achevée située dans le hameau de Costi di Villanova un commando d’une dizaine d’hommes armés et cagoulés. Ligotés et bâillonnés, les propriétaires de la villa qui surplombe la mer sont emmenés dans un véhicule et abandonnés à quelques kilomètres sur la route départementale. Pendant ce temps, une des trois bouteilles de gaz déposées à l’intérieur de la maison explose provoquant des dégâts importants. Alertés par cet incident, Michel Mercier et ses convives du ministre qui déjeunaient en préfecture se rendent sur les lieux une fois ces derniers sécurisés par les démineurs. Baies vitrées explosées, toiture endommagée, intérieur dévasté. Les propriétaires de la maison, Jean-Pierre et Monique Moulon, sont hébétés. Et sur un mur de la villa sont inscrits en noir les mots suivants : « Libertà pa i patriotti soluzione pulitica FLNC ».

Violence inadmissible

Les mots prononcés par le garde des Sceaux une poignée d’heures auparavant prenaient une résonnance toute particulière. « L’accès à la sécurité en Corse comme sur l’ensemble du territoire national c’est un droit fondamental que l’Etat doit garantir, a-t-il annoncé devant l’assistance réunie dans une salle d’audience. Il n’y a pas de liberté sans sécurité et nul en démocratie doit se voir imposer des chemins qui mènent à la peur et à la violence. Quelles que soient les revendications que les actes de violence sont censés porter, ils ne sont pas admissibles dans notre république, à laquelle je sais que les Corses sont profondément attachés. Ainsi je veux dire que tant les dégradations que les attentats, ou les violences qui visent les personnes, sont irresponsables et ne conduisent à rien, sauf à être poursuivies et sanctionnées ». Rappelant la vague d’assassinats d’une grande violence commis parfois sur la place publique ces derniers mois, le ministre a estimé que « cette barbarie ce n’est pas la Corse, son sens de l’honneur, ce n’est ni l’image, ni la réalité de ce territoire et son peuple ». Puis il a exhorté les magistrats ainsi que les fonctionnaires de la police et de la justice « au courage et à la détermination ». « C’est par votre dévouement au service de la justice, au service du justiciable, que la justice peut être rendue ici », a-t-il conclu à ce sujet.

Trois projets à l’étude pour la prison d’Ajaccio

L’objectif principal du déplacement de Michel Mercier était de visiter les trois prisons insulaires avant de se prononcer sur le devenir de la maison d’arrête d’Ajaccio. Construite en 1878, ses locaux vétustes et exigus ne permettent pas aujourd’hui aux détenus de vivre leur incarcération dans des bonnes conditions d’hygiène et de sécurité. Le ministère de la Justice a lancé récemment un plan national pour l’immobilier judiciaire qui prévoit la fermeture de 22 prisons ainsi que la construction et de rénovation de bâtiments de justice. Le projet d’édification d’un nouveau centre pénitentiaire sur la commune de Sarrola-Carcopino envisagé un temps a été abandonné en faveur d’une réfection importante de la maison d’arrêt d’Ajaccio. Le programme de restructuration et d’extension présenté au ministre par le directeur interrégional de l’administration pénitentiaire, Philippe Peyron, prévoit une augmentation de la capacité d’hébergement de 53 à 56 places avec 42 cellules dont 27 individuelles (contre 25 cellules dont 4 individuelles actuellement). Le bâtiment, rehaussé d’un troisième niveau serait notamment équipé d’un terrain de sport, de cours de deux cours de promenades, de locaux plus spacieux et fonctionnels tant pour le personnel administratif que pour les parloirs. Le coût des travaux est estimé à 3.6 millions d’euros. Un plan d’extension de la prison grâce à des bâtiments attenants est également en réflexion et le projet de construction d’un nouveau centre pénitentiaire sera également réétudié. « Je suis ici pour voir, écouter et consulter avant de faire des choix en matière de structures de détention dans un contexte qui évolue », a indiqué Michel Mercier.

M.K

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