L’édito d’Aimé Pietri
La Corse va se doter, dans la prochaine décennie, d’un nouveau port. Il sera construit, à la sortie sud de Bastia, et permettra – nous a-t-on dit – de faire face à l’augmentation du trafic maritime. Ce nouveau port est appelé à remplacer le port de commerce actuel qui – affirme-t-on par ailleurs – sera ouvert à la navigation de plaisance. Fort bien, mais on ne nous a pas expliqué pourquoi Bastia, qui dispose déjà de deux ports de plaisance en aurait besoin d’un troisième. Et on s’est bien gardé de nous démontrer la nécessité pour cette île d’un port supplémentaire, alors qu’elle en a déjà sept. La construction du nouveau port de Bastia a sans doute été décidée en raison du nombre de passagers enregistré ces dernières années. Il y en a près de trois millions qui transitent par le port existant pour lequel ont été réalisées des infrastructures efficaces. Est-ce à dire que le trafic va accuser une hausse spectaculaire dans les années 2015-2020 ? Personne n’est capable d’avancer un pronostic crédible. Faut-il tenir compte des futures dimensions des navires ? Peut-être, et bien d’autres raisons seront également étalées. Mais le coût d’un tel port est si élevé qu’on peut se demander si cet argent n’aurait pas été mieux employé ailleurs, dans le secteur de la santé, par exemple ou dans celui l’éducation. Car il sera difficile de faire admettre que la création d’un huitième port pour un pays qui compte à peine 300.000 habitants peut se justifier. On notera cependant qu’aucune île de la Méditerranée n’est aussi bien desservie. Alors que la plupart ont des trafics considérables. Mais celle-ci se révèle imbattable. Lorsqu’il s’agit surtout de mettre le cap sur la démesure.