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DECHETS MENAGERS ET ENVIRONNEMENT : MEME COMBAT ?

mercredi 21 juillet 2010, par Journal de la Corse

Societe S’il est un consensus social et environnemental largement établi, c’est bien celui concernant l’impérieuse nécessité de trouver une solution durable et respectueuse de la nature pour éliminer les déchets ménagers. La consommation et l’économie libérale ont un défaut majeur : elles produisent beaucoup de rebuts. Et comme personne n’a réellement envie de modifier ses comportements – les mauvaises habitudes sont sans doute ce qu’il y a de plus difficile àfaire changer, sans compter qu’il est confortable de jeter sans compter, ni penser – alors il faut trouver des plans B qui conviennent àtout le monde. C’est làoù le bât blesse. En attendant, les déchets s’accumulent… Écologie contre économie Le tollé contre le projet d’incinérateur en Corse a soulevé bien des lièvres, dont celui de la question des conflits d’intérêt et des responsabilités sociétales. Car si dans l’idée, l’incinérateur est apparu comme excellent – quel mal y aurait-il, àla base, àbrà»ler des ordures ? –, dans la réalité, c’est une catastrophe, et pas uniquement écologique. L’incinération n’est pas qu’un sujet d’inquiétude « Â Ã la mode  ». Il en irait de la santé et de l’économie. Greenpeace, pour ne citer qu’un des principaux acteurs, se bat depuis plusieurs années pour que les incinérateurs soient détruits et remplacés par d’autres techniques de valorisation des déchets. L’incinération, soit la destruction par le feu, est utilisée en technique funéraire et en méthode d’élimination des déchets, alors utilisés pour produire de l’énergie. Si la crémation pose également des problèmes de nature écologique (consomme de grandes quantités de carburant et produit notamment des gaz carboniques et autres éléments toxiques rejetés dans l’atmosphère, dont on ignore encore les effets réels), l’utilisation des incinérateurs est aujourd’hui complètement passée de mode, ou devrait l’être au vu des nombreux rapports qui existent sur le sujet. La transformation des déchets – puisque quel que soit le procédé, il est impossible de détruire les ordures, il s’agit de les transformer, en ce sens, les déchets répondent bien àl’axiome de Lavoisier : « Â Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme  » – est un véritable casse-tête de l’urbanisation. Gérer les déchets, c’est-à-dire assurer leur collecte, leur transport, leur traitement et leur élimination, est devenu une priorité, dans le respect de l’environnement et en essayant, tant que faire se peut, de les valoriser. Et la santé dans tout cela ? Réduire les effets des déchets, et de leur destruction, ne peut s’envisager, dans le contexte de développement durable actuel, que dans le respect de l’environnement, avec un minimum d’effets sur l’agrément local, l’esthétique et la santé. Or, c’est aussi l’un des gros points noirs du dossier « Â incinérateur  », le lien entre incinérateur et cancer a été prouvé. Les personnes qui habitent dans une zone fortement exposée aux fumées d’incinérateur augmentent leur malchance de déclarer un cancer. Sans faire de raccourci facile, la Corse est encore en train d’essuyer les négligences de la catastrophe de Tchernobyl, cela n’est peut-être pas la peine d’en rajouter une couche en installant un incinérateur, polluant, cancérigène et tutti quanti. Quand on sait, grâce aux relevés régulièrement effectués, que l’air est de qualité en Corse (malgré quelques pics d’ozone vers Bastia et de dioxyde d’azote vers Ajaccio, les seuils réglementaires sont encore loin), que la suppression des sacs de sortie de caisse a permis de réduire la pollution des sols (les statistiques sont encore àl’étude), on est en droit de se demander pourquoi on implanterait un polluant majeur dans le paysage insulaire que l’on s’efforce de préserver ? Certes, cela ne résout pas la question des déchets ménagers, mais plutôt que d’adopter une solution dont on connaît déjàtous les effets pervers et néfastes, peut-être serait-il profitable de ne pas éluder d’autres projets plus appropriés. Il semblerait que les détracteurs aient été entendus puisque les élus ont l’air de s’intéresser àd’autres possibilités, comme la méthanisation. Gageons que santé et environnement pèseront plus lourds que l’économie dans l’épineux dossier de la gestion des déchets ménagers. Maria Mariana  

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