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De l’importance de la famille et des rites

jeudi 12 janvier 2012, par Journal de la Corse

Alors que les codes familiaux explosent en même temps que les familles se recomposent, que l’on a moins de mariages, moins de baptêmes, cela n’empêche pas les célébrations et de s’inventer des nouveaux rites pour marquer toutes les étapes de la vie. Car ces rites de passage sont fondateurs et permettent les équilibres sociaux. Quitte à adapter ceux à la mode Outre-Atlantique. On n’est plus à une américanisation près. Alors que nous avons de vieilles traditions qui ne demandent qu’à être remises aux goûts du jour. À quand la vintage attitude pour les rites ? Quoiqu’il en soit cela reste par bien des aspects l’expression d’une appartenance à un groupe et d’un conformisme social.

Esprit de clan

Les rites familiaux sont ces habitudes familiales régulières et importantes pour tous, auxquelles on se sacrifie plus ou moins de bon cœur, comme par exemple le repas de Noël qui reste un rendez-vous immanquable et pourtant parfois si conflictuel, pour les familles. Idem pour les repas d’anniversaire, les rites religieux célébrant les baptêmes, mariages, enterrements. Sans oublier les vacances. Et toute famille insulaire en sait quelque chose, l’attraction de l’île ayant tendance à augmenter en période estivale et printanière, les beaux jours remettant au goût du jour l’appartenance à une terre, quitte à faire ressortir les fameuses indivisions et autres soucis immobiliers. Tous ces rites sont fondateurs pour l’éducation, la transmission, les croyances partagées, la culture. L’aspect prédictif de ces rites et des comportements afférents permet d’endiguer des crises familiales : tout le monde conserve à l’esprit le film « Festen », avec le grand déballage des vérités sur la famille. Ces réunions sont souvent l’occasion de réveiller les cadavres dans les placards et de sortir la poussière de dessous les tapis… On parle d’ailleurs de famille au sens élargi, puisque les nouveaux codes tiennent plus du clan ou de la communauté que des liens de sang. Ces codes ne sont d’ailleurs pas si nouveaux, puisque si l’on remonte dans le temps, on trouve des groupes familiaux élargis, avec des sous-groupes, comme les familles recomposées d’aujourd’hui, dépassant le contexte dichotomique couple-famille. Les sentiments d’appartenance sont à entrées multiples se transmettent via ces rites et des occasions de rassemblement spécifiques, comme les fêtes de village, toujours aussi populaires et fédératrices en Corse. Mais d’autres rendez-vous sont créés, pour marquer des étapes de la vie.

Rites en tout genre

Lorsque l’on s’installe dans un nouveau logement, il est de tradition que l’on pende la crémaillère. C’est une tradition qui remonte au Moyen-âge, époque durant laquelle la crémaillère au bout de laquelle était suspendue la marmite dans l’âtre était un outil indispensable du foyer. Pour remercier tous ceux qui avaient participé à la construction d’une maison, la coutume voulait que les nouveaux installés les invitent à manger, et comme la crémaillère était la dernière chose qu’ils posaient, pendre la crémaillère signifiait la fin de l’emménagement et le début du repas de remerciement. Autre moment clé de la vie : le mariage, voire le PACS, avec le fameux enterrement de vie de célibataire. À l’origine, soit vers le XVIIIe siècle, seul le garçon enterrait sa vie de célibataire, il « jetait sa gourme », et certaines cérémonies allaient même jusqu’à simuler la mort, avec cercueil pour marquer la charge symbolique. Les jeunes filles se contentaient d’un repas. Au XXe siècle, évolution de la condition féminine oblige, les femmes enterrent aussi leur vie de célibataire avec les fêtes façon bizutage et bon enfant que l’on a pu voir, et dont la tradition vient des États-Unis. Autre rite de passage à la mode, la « baby shower », toujours made in USA, soit une petite fête organisée pour la future maman par ses amies, généralement autour du 7e mois. Dans la série de ces rites « païens », il y a aussi le renouvellement des vœux, qui est une tradition populaire d’Italie, et qui se pratique de plus en plus un peu partout, de même que le mariage laïc. La religion reste aussi un ciment, comme pour la Toussaint et le Vendredi saint, et également Pâques, avec la traditionnelle merendella. En Corse, les traditions familiales et de solidarités sont toujours vivaces, même si certains rites d’ailleurs viennent s’y propager.

Maria Mariana

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