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De curieuses coïncidences

mardi 12 avril 2011, par Journal de la Corse

La libération d’un responsable nationaliste, une longue interview d’Edmond Simeoni et un préfet qui se réfère à ce dernier au cours de sa première interview tandis que le président de l’exécutif régional milite pour un droit de résidence corse identique à celui prôné par les nationalistes… toutes ces coïncidences tendent à accréditer l’idée de tractations au sommet pour faire évoluer le statut de la Corse.

Le laboratoire sudiste

Il est souvent difficile d’y voir clair dans le maquis politique corse où le plus dérisoire tente souvent de se hisser à la hauteur du fait historique. De surcroît, la faiblesse du président de la République dans les sondages l’incite à ratisser large et à multiplier des promesses dont on sait depuis Jacques Chirac qu’elles n’engagent que ceux qui veulent bien y croire. Mais tout de même, que de coïncidences troublantes ! J’en cite quelques-unes en vrac : Olivier Sauli, emprisonné dans le cadre de l’antiterrorisme a été libéré à la veille du scrutin cantonal (et c’est tant mieux) après « seulement » quelques mois de détention préventive alors que la triste règle en la matière est de plusieurs années. Hasard ou nécessité : les amis d’Olivier Sauli ont appelé à un vote clair et net en faveur de Jean-Christophe Angelini, le nationaliste modéré qu’ils ne portent pas dans leur cœur. Lors du lamentable procès de la SMS, le procureur n’a pas eu de mots assez doux en faveur d’Angelini rendant ainsi absurde la théorie du complot qui avait pourtant justifié l’incarcération du responsable nationaliste accusé d’avoir aidé Antoine Nivaggioni en profitant d’appuis hauts placés. Tout cela ressemble fort à un passage de témoin aux franges autonomistes des divers partis corses et je parie une poignée de nèfles que Marcel Francisci recevra l’investiture UMP pour les législatives et fera campagne sur un programme autonomiste.

Un président de l’exécutif au programme radical

Corse Matin nous avait, de son côté, habitués à des premières plutôt faits divers. Et voilà que depuis quelques jours, le politique semble reprendre le dessus. La longue et intéressante interview d’Edmond Simeoni est chapeautée par un titre surprenant affirmant que la solution politique serait proche en Corse. Peu après, le nouveau préfet de Corse, ancien des Hauts-de-Seine (c’est tout dire), répond aux questions des journalistes et prend comme feuille de route les propos de l’homme d’Aléria. Sympathique mais étonnant ! Enfin le président de l’exécutif dirigé, Paul Giacobbi, semble désormais s’inspirer au quotidien des thèses nationalistes relatives aux transports ou encore au statut de résident. Je n’ai pas le sentiment qu’il s’avancerait ainsi à découvert sans quelques garanties du côté de l’Élysée qui, il y a un an, lui faisait miroiter un poste de ministre.

Ne met-on pas la charrue avant les bœufs ?

Toute la question est désormais de savoir si, derrière cette apparente avancée, ne se cache pas un désordre prévisible. Je crois pour ma part qu’on n’oblige pas les peuples à être heureux contre leur gré. Le problème corse tient à une ambiguïté. Nous agissons pour obtenir toujours plus de l’état français et rarement pour marcher sur nos deux jambes. Il en découle de profondes distorsions entre ce que nous affirmons vouloir et ce que voulons réellement. Je n’en veux pour preuve que la façon dont nous n’avons jamais su utiliser nos statuts à la hauteur de leurs possibilités réelles. Nous en sommes au troisième et il semblerait que les difficultés de la Corse n’aient jamais cessé. Les offices n’ont été la solution d’aucun problème sinon à grossir une clientèle pour clans en mal de services. Bien au contraire, le coût de la vie n’a cessé d’augmenter et les seuls recours trouvés ont été de sans cesse demander l’arbitrage du pouvoir central, certains n’hésitant pas à passer au-dessus des instances locales pour visiter certains ministres. L’expérimentation législative n’a jamais utilisé ou presque. Quant au statut de résident, il me semble confondre deux paramètres : celui de la résidence et celui de la corsitude. Et ce, alors même qu’en 2016, nous allons devoir affronter la fin de l’indivision. Il y a fort à parier que le statut de résident (s’il voit le jour ce qui n’est pas acquis dans notre île des illusions perdues) nous devrons affronter une réalité (celle des vrais résidents) et un fantasme affectif fondamental vécu par les Corses du continent chassés de la propriété de biens désormais octroyé à un seul propriétaire. Peut-être serait- il préférable de remettre la charrue derrière les bœufs et d’impliquer profondément et démocratiquement la société corse dans le sujet afin de pouvoir trancher ensuite avec efficacité et en assumant toutes les conséquences des choix. Ou alors gare à la gueule de bois post festam.

GXC

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