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Dangers des vacances : restons des parents normaux !

jeudi 9 août 2012, par Journal de la Corse

L’été des jeunes adultes est source d’inquiétudes. Mais les empêcher de vivre leur vie, n’est pas le plus sûr moyen de les prémunir des dangers.

Quatorze personnes ont déjà perdu la vie sur les routes corses depuis le début du mois de juin. Une fois encore la faucheuse endeuille les belles journées d’été en jetant son dévolu sur les automobilistes, les motocyclistes et les cyclistes. Ce terrible bilan provoque, chez les parents, des commentaires d’où ressort, très souvent, la tentation d’empêcher les jeunes adultes que sont devenus leurs enfants, de voler de leurs propres ailes durant les vacances. Celles ou ceux qui y succombent, constatent très vite que leur démarche est vouée au conflit permanent ou à l’échec. Les jeunes adultes sont par nature avides de découvrit la vie et de la croquer à pleines dents. Ils le sont encore davantage quand le soleil brille, la mer est chaude, la musique est bonne et les sens sont en émois. Dans ce contexte, ils jouent avec les limites et parfois les dépassent. Même les plus sages se prennent au jeu de la sensation forte et de la transgression. Surtout s’ils rencontrent des garçons et des filles qui, plus délurés, les épatent ou les fascinent. Aussi, l’accident de la route, la mauvaise rencontre, la grosse bêtise, la sexualité non protégée ou non consentie, le chagrin d’amour, l’alcool, la drogue, habitent souvent les pensées des parents que nous sommes. Nous broyons du noir sur fond de mer turquoise ou de ciel étoilé. Le monde de nos enfants devenus grands, nous apparaît pouvoir devenir un environnement de carrosseries déchiquetées, d’incivilités, de perversité, de substances plus ou moins hallucinogènes, de maladies inavouables, de filles fatales, de bellâtres beaux parleurs aux intentions que notre morale réprouve...

L’été ne dispense de rien

Alors, que faire ? Enfermer à double tour les « chers petits » ou les suivre partout, ne sont pas des solutions. Il n’est pas non plus souhaitable de compter sur les autres. Police, pompiers et médecins sont des acteurs précieux de la prévention des risques et du secours, mais ne sont pas préposés à surveiller et protéger en permanence de jeunes adultes. Quant aux patrons de campings, de restos, de bars, de boîtes et de tout autre lieu de loisirs, ils ne sauraient être des « nounous ». Quant aux associations, elles ne peuvent non plus tout dire, prévenir, guider ou réparer. La solution préférable, même si elle ne garantit pas un risque zéro, consiste à assumer son devoir de parent responsable et formateur. En effet, l’été n’est en rien une période à part. Ce qui est dit et fait au quotidien, dix mois dans l’année, a besoin d’être adapté en juillet et août, voilà tout. Aussi, point besoin de brandir l’interdit, d’invoquer la morale ou de susciter la peur. D’autant qu’un jeune adulte, s’il est continuellement tancé, épié ou bridé, finit par n’avoir plus qu’une envie : transgresser. Pour affirmer son statut d’adulte. Pour se prouver et démontrer aux autres qu’il est en mesure de s’extraire d’un cadre imposé. Alors, mieux vaut préférer une stimulation du libre arbitre. En dialoguant pour informer des dangers et évaluer s’ils sont ou non perçus. En reformulant, dans le contexte un peu permissif de l’été, l’énoncé de valeurs qui sont partagées et respectées le reste de l’année. En contractualisant des droits et devoirs réciproques qui rappellent au jeune adulte qu’il dispose d’une réelle autonomie sans pour autant être à l’abandon ou hors contrôle. En conclusion, pour protéger nos jeunes adultes, restons des parents à peu près « normaux ».

Alexandra Sereni

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