La crise n’est pas que financière. Certes, c’est ce qui préoccupe les dirigeants de tous les pays, mais la crise est plurielle : politique, économique, sociale, environnementale… C’est d’abord celle du système capitaliste, et nous payons la facture, salée, du changement de paradigme, lorsque le capital est devenu plus rémunérateur que le travail. Sans tomber dans aucune idéologie, le financier et le spéculatif ont petit à petit tout rongé. D’où ce sentiment de chaos et cette urgence à colmater, à ne pas laisser les indignés s’indigner davantage, pour ne pas aller vers la guerre… comme en 1929. Leçons de l’Histoire, cycle naturel du capitalisme ?
Spéculations prédatrices
Depuis le temps que les dossiers tombent, que les médias titrent sur les riches qui s’engraissent sur le dos des autres, ces fameux 1% qui n’en finissent pas d’appauvrir la planète à leurs seuls profits, pourquoi sommes-nous si démunis ? La spéculation a enrichi nettement plus que la propriété. Tout a d’ailleurs commencé avec la crise des « subprime » : prêter de l’argent à des taux moins préférentiels en hypothéquant des biens immobiliers pour seules garanties de solvabilité. Inutile de refaire un cours d’économie, cela fait depuis 2008 que les médias ne cessent de fournir des infographies expliquant tous ces mécanismes. Et pourtant… cela n’a pas empêché la fraude Madoff d’exposer des grands groupes financiers, ni l’affaire Goldman Sachs d’éclabousser le monde des affaires, ni les traders de poursuivre leur travail, alors que des organismes de régulation existent et font leur job. La propagation de la crise s’explique par la titrisation, un mot barbare, mais la finances en recèle bien d’autres, qui n’est autre que le mécanisme qui permet de « transformer des crédits distribués par une banque en titres de créances (obligations) qu’un investisseur peut acheter et vendre à tout moment », d’où les répercussions mondiales d’une crise qui a commencé aux États Unis.
Sauvons la zone euro
Après la crise des subpime, c’est la crise de la dette. Coup de théâtre en 2009 : la Grèce révèle des finances publiques catastrophiques et engage le pays dans la rigueur pour honorer le paiement des dettes. L’agence de notation Standard & Poor’s abaisse la note du pays à BBB+. Pour éviter un risque de crise systémique, un plan de sauvetage est mis en place dès 2010. Ce plan de sauvetage ne coûterait rien aux particuliers, si les États à qui l’on prête de l’argent ne font pas faillite et remboursent leurs dettes… Car le marché de la dette est une sorte de toile qui relie tous les pays entre eux, avec au centre, les places boursières. Ce plan a été jugé trop tardif, les inquiétudes persistent et la zone euro est en danger. La BCE, dont le mandat est de ne pas provoquer d’inflation, a le mauvais rôle : celui de pompier de la zone euro. Lorsque l’on observe les mécanismes bancaires et financiers, outre leur complexité, on se rend compte que toute solution adoptée a des conséquences non négligeables, et que même si les choses ont l’air d’être inscrites « virtuellement » sur des ardoises aux chiffres astronomiques, ce virtuel a des effets bien réels pour tous.
Histoire de cycle ?
Les répercussions de la crise sont multiples. Pour la Corse, quasi épargnée jusqu’alors, la dégradation de l’immobilier et de l’activité touristique serait préjudiciable, ces secteurs étant importants pour l’économie insulaire, tant en termes d’investissements, que pour l’emploi. Sans compter que le budget de la CTC s’inscrit dans un contexte de crise économique durable et suit les orientations budgétaires de l’État, sous le signe de la rigueur, les prévisions de croissance étant pessimistes. Il va bien falloir que le budget de l’État s’équilibre, et la suppression des niches fiscales n’y suffira pas. Couper dans les dépenses publiques et augmenter les impôts sont deux scénarios qui n’empêchent pas la probabilité de récession. Depuis les années 80, l’économie mondiale a connu de nombreuses crises financières. Même si les économistes s’accordent à dire que la crise financière fait partie de l’histoire du capitalisme et n’est qu’un moment d’un cycle, la crise actuelle a une ampleur et une durée nouvelles. Alors, aujourd’hui, simple crise cyclique ou glas d’un système en fin de règne ?
Maria Mariana