Le PIB de la Corse pourrait progresser de 1% selon les prévisions du cabinet Asteres qui table sur une petite croissance de 0,3% au niveau national nettement insuffisante pour porter les projets du président Hollande. La Corse prendrait ainsi la première place des régions en terme de croissance. Difficile à croire pour qui vit ici.
Celui qui n’a rien ne risque guère de reculer
La Corse est l’une des régions qui connaît l’une des plus fortes progressions du chômage. On est donc étonné de la voir caracoler en tête des régions pour ce qui concerne la croissance. Mais les chiffres sont têtus : la Lorraine et à la Picardie par exemple connaîtront probablement une récession, avec un recul respectif de leur activité de 0,4% et de 0,1%. En fait l’explication pour ce qui concerne la Corse est basique : la désindustrialisation est l’un des facteurs essentiels de la récession. Or la Corse ne possède pas d’industries. Mais surtout, elle va continuer de bénéficier du PEI destiné à l’aider à surmonter les handicaps liés à son insularité et à résorber son déficit en équipements collectifs. Et cette mesure dotée de 1,5 milliard d’euros sur la période 2007-2013 bénéficie notamment au secteur du BTP. Mais c’est une mesure éphémère, identique à la prime à la casse pour les automobiles, qui lorsqu’elle cessera dévoilera le triste état de la Corse.
Des régions portées par des industries spécifiques
Les autres régions en légère croissance le sont grâce à des industries performantes. Ainsi, les régions Midi-Pyrénées et Aquitaine bénéficie de la bonne santé de l’aéronautique. L’Auvergne aussi tire son épingle du jeu (+0,8%) grâce au succès de Michelin et de l’industrie pharmaceutique. Plus globalement, Asterès identifie les régions de l’Ouest (à partir de la Bretagne jusqu’à l’Aquitaine) et du Sud (Midi-Pyrénées et régions méditerranéennes), à la croissance assez nettement supérieure à la moyenne nationale et les Régions d’un grand tiers Nord-Est (allant de la Basse-Normandie à la Franche-Comté en passant par le Centre), plus déprimées. Or cet arc qui va du nord au sud et qui connaît des difficultés est celui qui a beaucoup voté Marine Le Pen avec toujours cette exception étonnante : la Corse. La seule explication qui vienne à l’esprit est celle de nos angoisses liées à l’effondrement de l’emploi public. Nous sentons confusément que l’époque durant laquelle l’État providence pourvoyait à nos besoins et à nos excès est en train d’agoniser. Et nous ne savons pas ce qui va remplacer ce patron public. Nous sentons monter la menace du grand banditisme présent dans nombre de secteurs économiques et nous ne savons comment répondre à ces périls majeurs. Nos élus se réfugient derrière les vieilles tactiques destinées à toujours tirer plus d’un État qui ne peut plus offrir ce qu’il distribuait il y a quelques années.
Des plans sociaux en cascades
Que nous le voulions ou nous, la Corse va devoir faire face à des plans sociaux en cascade. Les entreprises privées n’aimaient notre destination que parce qu’elle leur offrait des subventions qui rentabilisaient leur présence. Longtemps, cette réalité a été masquée par le caractère public de la SNCM et d’Air France. Aujourd’hui que l’argent est plus rare, elles cherchent à réduire leur présence de manière à la rentabiliser. Mais force est de constater que la gauche, par sa politique laxiste envers la SNCM et la droite en favorisant l’entrée des low costs a permis une catastrophe sociale pourtant prévisible. La CGT - SNCM par des actions inconsidérées et des revendications hors de propos s’est coupée de l’opinion publique et, en définitive, a tué la poule aux œufs d’or. Les élus de droite en soutenant l’arrivée des low costs voulue par Nicolas Sarkozy n’ont pas voulu réfléchir à la société insulaire qui se dessinait et a aidé des pirates. Ryan Air par exemple vient de déclarer cette année 500 millions d’euros de bénéfice mais reçoit de l’Europe 650 millions. En d’autres termes, ces sociétés qui crachent sur le service public n’existeraient pas sans l’argent du contribuable. Dans la crise qui s’approfondit, il serait grand temps que l’argent public retourne au public et non à des vautours qui s’engraissent de nos impôts. Alors non la Corse n’est pas une région en croissance mais une région perfusée et droguée aux subventions qui s’apprête à vivre une difficile période de sevrage.
GXC