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Contre l’euro, tout contre

jeudi 1er décembre 2011, par Journal de la Corse

Il est de bon ton de s’affirmer européaniste quoiqu’il se passe, quoiqu’il en coûte. Or la dynamique économique et financière aujourd’hui engagée sur le vieux continent joue indubitablement contre les régions les plus pauvres dont la nôtre et remette en cause la politique de l’euro fort.

Une guerre économique déguisée

Il y a encore un siècle, le fameux spread, cet écart entre les taux d’emprunts allemands et français auraient provoqué une guerre, une vraie. L’Allemagne grâce à une culture de l’ordre et de l’obéissance mais aussi une capacité à anticiper sur la production d’une marchandise à forte valeur ajoutée, a réussi à devenir le pays leader de cette Europe qui n’en finit pas d’écraser les plus pauvres. Or l’Allemagne est peu partageuse et participe au gigantesque festin auquel se livrent les puissants de ce monde. C’est une véritable guerre qui fait rage sur la planète avec son cortège de destructions, de morts et de malheurs. L’euro a certes protégé les grands intérêts financiers. Mais il n’a guère d’effets positifs sur les particuliers. Il écrase les plus faibles et lamine les classes moyennes. Les prix ont bondi. Les salaires ont été gelé quand ils n’ont pas regressé et l’euro, aligné sur l’économie allemande est devenu un facteur d’enfermement plutôt que d’ouverture. La monnaie européenne est devenu un mythe agité par les banques et leurs alliés pour nous faire cracher toujours pour le plus grand bonheur des spéculateurs.

Les banques à la gouverne

Est-ce vraiment un hasard si le directeur de la banque européenne, le président du conseil italien et le premier ministre grec ont tous trois travaillé pour Goldman and Sachs, la banque à l’origine de la fraude grecque et de la crise des surprimes aux États-Unis. La Firme (c’est son surnom) a, dans le secret, dirigé ces désastres pour son seul intérêt. Les dirigeants se sont soumis à sa dictature. Imaginons un bassin qui nous est nécessaire pour nous abreuver. Des membres de cette firme ont sans le dire retiré la bonde et, prétextant une fuite mystérieuse, nous incitent à remplir le bassin au fur et à mesure qu’il se vide. Sous ce bassin se tiennent d’autres membres de la Firme qui récoltent l’eau qui s’écoule et nous la revendent pour que nous la remettions dans le bassin. C’est exactement ce qui se passe. Le prix de l’eau augmente sans cesse et nous nous épuisons à retrouver ce qui est à nous et qui nous a été dérobé par les banques et ceux qui leur sont vendus. Aujourd’hui banques et spéculateurs attaquent l’euro et incitent les nations européennes à retrouver leur indépendance de manière à pouvoir imposer sur des salaires alignés sur ceux des pays émergents. Les politiques vont nous expliquer que la seule manière de retrouver des emplois enfuis vers l’Asie est d’accepter que nous travaillions pour des sommes dérisoires. Le retour aux monnaies nationales permettra de jouer sur la dette en tablant sur l’inflation. Le grand gagnant de cette débâcle sera alors le dollar s’il ne l’est pas déjà virtuellement.

Changer un système moribond

La crise de 1929 avait trouvé son issue dans le désastre de la Seconde Guerre mondiale. La crise actuelle, qui est aussi une crise systémique, exige à son tour son lot de sacrifices et de catastrophes. Mais ce sont toujours les mêmes qui paient. La mort de l’euro est programmée à moyen terme tout simplement parce que vouloir à tout prix conserver la monnaie européenne finira par coûter plus cher que le retour aux monnaies nationales. La Méditerranée est aujourd’hui à un tournant de son histoire un tournant aussi important que la mutation opérée durant les siècles de la Renaissance. Sans une équité sociale affirmée et appliquée, nous serons à notre tour gagnés par les convulsions qui secouent le monde arabe, celui de l’autre rive du Mare Nostrum. Le moment arrive où les politiques vont pouvoir et devoir démontrer qu’ils sont autres choses que des bavards autocentrés et avides de conserver leurs privilèges. Ils vont devoir faire preuve de vision, de projet et de générosité. Autant dire que ce n’est pas gagné.

GXC

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