Un compte administratif en demi-teinte
Dernier acte du calendrier budgétaire de la ville, le compte administratif du budget principal, du parking du Diamant et du port de plaisance Charles Ornano a été soumis aux conseillers municipaux lors de la session du 30 mai.
Comme l’exige la loi, le maire s’est absenté lors de la présentation puis le vote des trois comptes administratifs. Charles Cervetti a annoncé en préambule, non sans cacher sa satisfaction, que « les prévisions étaient bonnes ». Toutes sections confondues, pour l’année 2010, les dépenses de la ville s’élèvent à presque 110 millions d’euros (M€) tandis que les recettes atteignent 112 M€. La section de fonctionnement affiche 81.4 M€ en dépenses et 86.6 M€ en recettes. Pour les budgets annexes, le parking du Diamant présente en section d’investissement un déficit de 5 889€ avec 11.554€ en frais et 5.664€ de recettes, mais un excédent de fonctionnement de 86.525€ avec 495.073€ de dépenses et 581.598€ de recettes. Pour le port Charles Ornano, on observe en section d’investissement 1.2 M€ de dépenses contre 1 M€ de recettes soit un déficit de 229.095€ et un excédent de 1.1 M€ en fonctionnement avec 1.2 M€ de dépenses et 2.3M€ de recettes.
Augmentation des taxes, baisse des dotations
Les impôts et taxes représentent 64% des recettes réelles, soit le premier pôle de ressources, mais Ajaccio prélève 1.327€ par habitant contre une moyenne pour des villes se situant dans la même strate à 1.559€ par habitant. Pour l’année écoulée, les prélèvements ont enregistré une progression de 1.7 M€, soit 7.48%, principalement en raison de l’augmentation des contributions directes, notamment de la taxe d’habitation. En raison du contexte général de crise, les dotations de l’Etat, qui représentent 17.7 M€, ont été revues à la baisse et Ajaccio a été privée de 230.000€. La dotation globale de fonctionnement, composée de la dotation forfaitaire et de la dotation de solidarité urbaine, a connu un recul de 154.598€ en raison de la baisse de la population de 68.571 à 68.038 habitants. Au chapitre des dépenses, les frais de personnel restent le premier poste avec 51.4 M€, soit 65% des dépenses réelles de fonctionnement et une progression de 1.66%. Charles Cervetti explique cette augmentation notamment par « la volonté de la municipalité de poursuivre ses efforts en matière de services rendus à la population par le recrutement et la formation de personnels qualifiés » et « la poursuite de la politique de déprécarisation avec la titularisation de 50 agents », en 2010. Aujourd’hui, la maison carrée compte 1322 titulaires et 109 agents non-titularisés travaillant à temps plein. Pour la section d’investissement, l’adjoint aux finances se félicite de voir l’endettement de la ville décroître et un encours de la dette par habitant situé en dessous de la moyenne avec 1.025€. En 2010, Ajaccio a contracté de nouveaux emprunts pour un montant de 6 M€ afin de soutenir le rythme soutenu du programme des investissements mis en œuvre. Au 31 décembre 2010, l’encours de la dette s’établissait à 66.8 M€.
Les alarmes d’Antoine Parodin
A l’issue de la présentation, l’hémicycle reste silencieux. « Le compte administratif est tellement bon que tout le monde est impressionné », suggère goguenard Paul-Antoine Luciani. C’est alors qu’Antoine Parodin, dont on ne sait plus trop à quel camp l’affilier depuis les élections cantonales, prend la parole, souhaitant contribuer au débat sur le compte administratif. Après avoir souligné que « depuis 2008 les recettes sont plus dynamiques que les dépenses » pour la section fonctionnement, le conseiller municipal apprécie que « la commune d’Ajaccio dispose d’une autonomie financière suffisante qui la rend moins dépendante de l’Etat que d’autres communes dans la même strate ». Mais il pointe « le coefficient des charges structurelles toujours aussi préoccupant », « un ratio de frais de personnel de plus de 65% pour 53% dans les communes de même strate » et « la base fiscale de la taxe d’habitation (qui) a augmenté de 38% » de 2001 à 2010. Concernant les investissements, il regrette sa « faiblesse structurelle » qui « risque de compromettre nos ambitions ». Ses critiques deviennent alors plus acerbes lorsqu’il souligne que « l’atonie des ressources propres de la section d’investissement rend d’année en année toujours plus difficile le respect de la règle d’équilibre budgétaire » et pronostique que « la faiblesse des réalisations d’équipement brut en 2010 va générer de graves tendances sur les exercices à venir ». Cette intervention a quelque peu surpris l’opposition qui ne s’est pas contentée de se ranger derrière son avis et a annoncé, par la voix de Fabrice Laudato, qu’elle voterait contre la délibération du compte administratif du budget principal. « Nous pensons tout simplement qu’il n’y a qu’un changement de majorité qui pourrait remettre Ajaccio sur le droit chemin budgétaire et fiscal », a persiflé l’élu.
M.K