Tous au théâtre ! Avant la trêve estivale, la salle du conseil municipal d’Ajaccio était concentrée sur les quelques dossiers à traiter avant de pouvoir s’accorder une pause. Les affrontements de principe n’ont évidemment pas connu de trêve. L’étude d’une délibération relative à l’expérimentation de l’évaluation pour les agents municipaux a donné lieu à des échanges aigres-doux entre majorité et opposition. «  Evaluer pour évoluer  », selon Paul-Antoine Luciani. «  Evaluer, c’est mesurer, comparer, sans juger. Evaluer les qualités et parfois les souffrances  », pour Simon Renucci. Evaluer dans la concertation et la transparence, insiste Charles Cervetti qui rappelle qu’une «  commission ad hoc se réunit tous les deux mois, tous les syndicats y sont représentés et y participent activement  ». Malaise social à la mairie ? Fabrice Laudato ne semble pas s’attacher à ce principe de plus en plus fréquent dans le système public comme dans les entreprises privées. Une première campagne d’évaluation a commencé fin 200ç dans le cadre des dispositions sur l’expérimentation de l’évaluation introduites par la loi. Un récent décret précisant les modalités de l’entretien d’appréciation de la valeur professionnelle des fonctionnaires, il est simplement demandé aux conseillers municipaux d’autoriser le maire à poursuivre la procédure. L’élu de l’opposition ne s’y oppose guère ; il souhaite néanmoins obtenir des clarifications sur le contexte social peu épanouissant selon lui qui règne à la maison carrée. «  Une multitude de grèves constitue un paradoxe pour une mairie de gauche  », ironise-t-il à l’adresse du député-maire. «  Ce qui n’est pas rassurant à vous entendre, poursuivant en direction du premier adjoint, c’est la bulle d’harmonie dans laquelle vous semblez évoluer, répétant que tout a été résolu depuis 2001  ». Fabrice Laudato souhaite alerter la majorité sur le nombre de préavis de grève déposés ainsi que sur le nombre d’arrêts maladie, autres indicateurs d’un malaise social et salarial. Deux grèves, répondent quasiment en chÅ“ur le maire et son premier adjoint. Une programmation diversifiée et exigeante Après quelques délibérations adoptées à l’unanimité, la conseillère municipale en charge de la culture, Anne-Marie Luciani a présenté la programmation de la ville d’Ajaccio pour la saison 2010-2011, un exercice auquel elle se livre avec plaisir, a-t-elle confié en préambule. «  La programmation constitue un acte fort de notre politique qui poursuit sa mission de service public  ». La Madame Culture d’Ajaccio a souhaité proposer une «  offre plurielle et pluraliste qui n’exclut aucun genre artistique et dont le critère essentiel de choix est guidé par la reconnaissance d’une démarche exigeante qui doit permettre au public de développer son esprit critique et son imagination  ». Au programme, pour un budget total de 364 170 euros, une cinquantaine de spectacles programmés à l’Espace Diamant. 15 pièces de théâtre, 16 concerts, 6 représentations de danse, 10 rendez-vous pour le jeune public, 3 résidences créations. Par ailleurs, un film par mois sera proposé pendant l’automne déjà riche de festivals cinématographiques, puis deux par mois à partir de janvier. «  Chaque spectacle constitue un temps fort  », a conclu Anne-Marie Luciani, félicitée par un adversaire politique pour son investissement. Cependant, Fabrice Laudato n’a pas pu s’empêcher d’émettre des réserves quant à la programmation qui, selon lui, pêchait par son élitisme. «  Les Vaudeville et les comédies, voilà ce qui détend le spectateur !  », a-t-il regretté, ajoutant que la faible présence dans la grille de programme de l’Ecole nationale de musique et de danse, pourtant largement subventionnée par la ville, accroissait sa déception. Anne-Marie Luciani a clôt la polémique en précisant que l’ENMD collaborerait ponctuellement tout au long de l’année. «  Notre programmation n’est pas élitiste mais exigeante, elle est populaire mais dans le sens noble du terme, ni consumériste, ni triviale  », a-t-elle réaffirmé. Et un membre de l’opposition de souffler un brin amusé, un brin consterné. «  S’ils veulent se détendre, les Ajacciens n’ont qu’à assister à une séance du conseil municipal, ça vaut tous les théâtres  ». Le théâtre, pour s’instruire, se divertir et oublier le quotidien… M.K Â