L’année 2010 n’aura donc pas réglé sur le fond la question du rapatriement des prisonniers corses. Il serait faux d’affirmer qu’il n’y a pas eu d’avancées. Mais elles sont insatisfaisantes et risquent fort de se heurter à un réel manque de place.
Une campagne pour le rapatriement des prisonniers
La campagne menée par l’Associu Sulidarità a un avantage : celle d’exister. Elle se bat sur un thème juste : le rapatriement (et non le rapprochement) des prisonniers corses dits politiques. Néanmoins cette campagne pèche par son caractère agressif. Pourquoi donc faut- il que les manifestants qui se battent pour un droit démocratique se sentent obligés d’accrocher au fronton de la prison devant laquelle ils manifestent un cagoulard en armes ? Croient-ils réellement que c’est ainsi qu’ils élargiront leur base sympathisante. Autant je suis prêt à me battre pour que tous les prisonniers sans exception aient enfin la possibilité d’achever leur peine dans l’île où vivent leurs familles, autant je me refuse à manifester pour la violence clandestine. Pour avoir mené je ne sais combien de campagnes en faveur de causes dites démocratiques, je peux affirmer sans aucun risque de me tromper, qu’en agissant ainsi les nationalistes se tirent une balle dans le pied. Nous pouvons tous convenir de ce que la solidarité envers les clandestins a beaucoup perdu de sa vigueur. Là où il y a quelques années, le simple thème de la lutte contre la répression provoquait des manifestations de plusieurs milliers de personnes, les foules réunies aujourd’hui se comptent à peine par dizaines. La seule chance d’obtenir des résultats est donc de mettre en avant des revendications que toutes les organisations qui se prétendent démocratiques se sentiront obligées d’appuyer.
Un pays régulièrement condamné par la Cour européenne
La France est régulièrement condamnée par la cour européenne des droits de l’homme et elle s’en moque royalement. Le summum de la vulgarité étatique a tout de même été atteint lorsque le président de la république s’en est pris violemment à la commissaire européenne qui critiquait la gestion française de la question de Roms. Nous avons à la tête de l’état une bande de blousons dorés qui a mis la main sur la France et qui entend le montrer. Ces hommes à la tête de qui plastronne Nicolas Sarkozy, natif de Neuilly, possèdent une garde rapprochée menée par le très inquiétant Hortefeux, variété albinos d’un Bousquet des temps modernes. Ce sont des hommes qui, par une sorte de principe républicain jamais démenti, estiment que les promesses n’engagent que ceux qui y croient et qui, prennent en conséquence un malin plaisir à jouer d’un cynisme épouvantable. Pour ce qui concerne les prisonniers corses, ils avaient promis (gauche et droite confondue) la construction d’une prison dans la région ajaccienne qui devait régler le problème de surpopulation. Projet abandonné sans que d’ailleurs les nationalistes protestent. La prison d’Ajaccio, établissement datant de Napoléon III et défiant les droits humains, devait être retapée. Les années filant, cela va devenir le Galsi pénitentiaire. On en parle d’abondance mais on ne voit jamais rien venir.
Un droit ne se mendie pas, il se conquiert
Les nationalistes ont mille fois raison d’exiger l’application de ce droit qui veuille qu’on ne punisse pas deux fois un homme : une première fois en le privant de sa liberté, une deuxième fois en le coupant de son milieu affectif. Mais il me semble que sur un thème pareil, Corses, Basques, associations humanitaires devraient pouvoir se retrouver et centraliser des actions. Ce serait l’unique chance de faire reculer un pouvoir qui, à la veille des élections, veut se donner une image de marque répressive pour capter un électorat tenté par Marine Le Pen. Et puisque le FLNC a adopté la devise « À populu fattu bisogn’à marchjà » eh bien tentons de bâtir une synergie sans a priori politique de manière à ce que la classe politique insulaire voire française se mobilise sur un thème humaniste.
GXC