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CHRONIQUE

mardi 22 mars 2011, par Journal de la Corse

Le désastre nucléaire

La catastrophe de Fukushima qui endeuille le Japon sonne pour le monde entier comme un avertissement terrible. Après le tsunami de Sumatra, l’éruption islandaise, les tremblements de terre en Chine, en Haïti, en Nouvelle Zélande, au Pakistan, le Japon cumule plusieurs catastrophes apocalyptiques. Même s’il est difficile de scientifiquement relier ces évènements, l’humanité devrait comprendre qu’il est temps, grand temps de se prendre pour un démiurge. La nature reprendra ses droits quoi que fasse l’homme.

Une catastrophe planétaire prévisible

Ne nous faisons pas d’illusions. Tout comme le nuage de Tchernobyl n’a pas respecté les frontières françaises, celui des centrales endommagées du Japon effectuera un périple mortel autour de la terre. Alors qu’en Corse, nous en sommes encore à comptabiliser le nombre de cancers de la thyroïde provoqués par le césium 137, le désastre japonais pourrait s’avérer pire encore que celui de l’Ukraine. Et quoique prétendent les ânes savants tels que l’ancien ministre Allègre, l’atome est mille fois plus dangereux que toutes les autres sources d’énergie. Les dégâts occasionnés sont bien pires dans l’immédiat mais aussi dans le futur. Le Japon continue de souffrir des explosions nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki. L’Ukraine n’en finit pas de payer la catastrophe de Tchernobyl. Mais surtout l’énergie atomique est un cadeau atroce fait aux générations futures. Nous savons maintenant que l’enfouissement des déchets nucléaires donne lieu à un trafic juteux avec les mafias. Saviano, l’auteur de Gomorra, a révélé que la Camorra coule des bateaux entre l’Italie et la Corse après les avoir chargés de déchets nucléaires. L’Afrique est devenue un gigantesque cimetière de telles ordures dont la durée de vie est quasi éternelle. On ne sait rien de ce qui s’est passée dans l’ancienne URSS ou en Chine. La catastrophe nippone n’était pas prévisible si on en croit Allègre et ses épigones. En effet les architectes avaient prévu un tsunami n’excédant pas dix mètres de hauteur. Et voilà que le raz-de-marée a eu le mauvais goût de dépasser les dix-sept mètres. À force de relativiser les risques liés au nucléaire, les spécialistes et les scientifiques ont joué avec la vie de millions d’hommes.

Des catastrophes en série

L’activité humaine est au cœur du réchauffement climatique. Or il a été démontré par des scientifiques américains que la fonte des glaces provoque une pression supplémentaire sur les fonds marins et rend les tremblements de terre plus violents qu’auparavant. Du coup, les tsunamis sont de plus en plus dévastateurs dans les espaces surpeuplés. D’une manière plus générale, comment ne pas remarquer que les « accidents » se font plus nombreux et plus agressifs. Cette année, la Nouvelle Zélande a été en partie dévastée par un tremblement de terre, l’Australie a été noyée sous les eaux, une partie des États-Unis a connu des tempêtes de neige comme il n’en était pas arrivé depuis plus d’un siècle. Les conséquences économiques sont incommensurables dans un monde capitaliste déjà marqué par les crises successives. Les assurances ont averti qu’elles n’allaient pas pouvoir faire face aux dépenses liées à ces désastres. Ce sont donc les plus pauvres qui vont payer. En résumé, la démocratisation du bien-être, censé apporter du bonheur au plus grand nombre, est en train de provoquer un recul de civilisation inimaginable il y a encore un quart de siècle. Le monde est en train de prendre conscience que la terre est un écosystème et donc un organisme vivant. Toucher à son équilibre provoque des réactions en chaîne impossibles à contrôler. Le nuage radioactif risque fort de contaminer la mer et ses produits ce qui à son tour aura des conséquences sur la chaîne alimentaire.

Accepter de renoncer à un certain luxe

L’après guerre avait été la période durant laquelle une partie de l’humanité a connu une prospérité maximale accompagnée de progrès sociaux et démocratiques. Mais ce n’était qu’une petite partie de l’humanité. Désormais, les trois quarts de cette humanité réclament sa part de bonheur matériel. Or c’est impossible. L’écosystème planétaire ne peut le supporter. Le monde capitaliste va devoir, contraint et forcé, accepter l’idée que la croissance à tout prix mène à la mort. Sans le nucléaire, l’électricité coûtera trois fois plus chères qu’elle ne l’est actuellement. Or la période de prospérité du monde occidental s’est ouverte après les bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki. Elle s’achève sur celle de Fukushima. Car il nous faut accepter que ce soit une page de l’évolution humaine qui se tourne aujourd’hui. Plus rien ne sera comme avant quelles que soient les conséquences du drame actuel. Nous allons devoir changer de mode de vie à moins d’accepter que les catastrophes deviennent légion. Cela est vrai pour le monde occidental et donc pour la Corse. Plutôt que discuter à l’infini sur des détails, l’assemblée devrait tenter d’imaginer le futur de notre île en s’inscrivant dans plusieurs scénarios à commencer par celui dominé par la montée des eaux. Le malheur du Japon est aussi notre malheur. Soyons-en persuadés.

Gabriel Xavier Culioli

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