En Angleterre, l’annonce de la hausse des frais de scolarité a provoqué des émeutes. Si en France ce débat semble moins violent, il n’en demeure pas moins houleux. En effet, le plan d’austérité n’épargnera pas l’enseignement supérieur. D’où le questionnement sur son financement. En matière d’éducation, il n’y a pas que les écoles primaires et secondaires qui sont sur la sellette, comme l’atteste l’Agence d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (AERES) qui rend ses rapports, implacablement.
Les frais à la loupe
En France, 81 universités sont soumises à la réglementation de l’État pour fixer leurs frais de scolarité : droits de scolarité, médecine préventive universitaire (4,57€), sécurité sociale étudiante (203€ pour 2011). Le montant des droits d’inscription pour 2011, fixés par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, est de 177€ pour une licence, de 245€ pour les diplômes niveau master et de 372€ pour une inscription en doctorat. Les étudiants boursiers sont exonérés des frais d’inscription et des droits de sécurité sociale (on comptait environ 590.000 boursiers pour 2,4 millions d’étudiants). Les droits d’inscription des filières générales, sécu comprise, s’élèvent donc de 384,57 € à 579,57 €. Ensuite, les frais dépendent des universités (exemple : droits de reprographie, d’accès à la culture, etc). Et bien entendu, les autres frais, tels que le logement, la restauration. Des aides existent, sous forme de restaurant universitaire par exemple (le ticket resto U), des bourses, l’aide au mérite, le fonds national d’aide d’urgence, l’aide au logement et le « loca-pass ». Mais on est encore loin du compte et des montants nécessaires à l’obtention d’un diplôme universitaire. Reste aussi à choisir sa fac.
Attractivité et réputation
Le premier palmarès des universités françaises a été publié en 2010. Un changement de culture pour ce milieu qui s’ouvre sur la performance, puisque jusqu’à présent c’était plutôt sur le prestige et la réputation que les universités étaient en concurrence, avec un palmarès mondial, dans lequel figurent seulement quatre établissements français. L’enjeu de la réputation est important, à l’heure de l’internationalisation des études, car les universités sont en concurrence les unes avec les autres pour attirer les meilleurs étudiants. Quels sont les diplômes qui marchent pour décrocher un job ? Pour le palmarès de performance à la France, la Corse affichait un taux d’insertion professionnelle de 93% pour les filières droits, économique et gestion. Dans son rapport sur l’Université de Corse-Pascal Paoli de 2008, l’AERES a conclu à un « défaut d’attractivité de formations pourtant foisonnantes ». Autrement dit l’UCPP, qui a fêté ses 30 ans d’existence l’année dernière et compte quelques 4.200 étudiants, doit évoluer, notamment dans ses approches pédagogiques et en faveur de l’internationalisation. Le rapport regrette « l’érosion des effectifs ; la déperdition dès L1, davantage par abandon que par échec, est importante, particulièrement en droit et en économie. De même, les pertes après L3 sont très marquées en Sciences Humaines et Sociales » et « l’absence d’un tutorat d’accompagnement institué, qui aurait pu faciliter l’adaptation des néo-étudiants et peut-être améliorer les résultats ou les réorientations ».
S’adapter ou fermer
En proie à des difficultés financières depuis l’autonomie, l’Université s’interroge donc sur les droits d’inscription. La conférence des présidents d’université (CPU) a constitué un groupe de travail sur la question du modèle économique de l’enseignement supérieur, sujet sur lequel se sont aussi penchés des think tanks. Dans le rapport du 23 août 2011 de Terra Nova, on retrouve des préconisations allant d’un prêt à taux zéro garanti par l’État, à une allocation d’études supérieures, en passant par la suppression de cours en amphi, de diminution de places en prépas et aux concours de grandes écoles. L’Institut Montaigne est quant à lui favorable à la hausse des droits universitaires, car « la gratuité des études supérieures est un facteur d’injustice et accentue les écarts entre ceux qui ont accès à l’enseignement supérieur et ceux qui n’ont pas cette possibilité ». Chacun fait des propositions qui n’ont pas encore trouvé écho dans la campagne présidentielle. Et pourtant… il faudra bien revoir la gouvernance des universités pour endiguer la fuite des cerveaux… avant même qu’ils soient diplômés.
Maria Mariana