Compte tenu de l’urbanisation galopante, et de la mondialisation, difficile de faire son Robinson Crusoé perdu seul sur son île. Les villes s’étendent, sont gourmandes en logements, les frontières sont poreuses, les populations sont migrantes bougeant au gré des opportunités laborieuses ou des envies… Que cela soit en macro ou en micro, les relations de bon voisinage n’ont jamais été aussi importantes.
Cercle d’États amis
En tant qu’île, la Corse a beaucoup de voisins, et par le passé, ceux-ci n’ont pas toujours été pacifiques ! Envahisseurs, colonisateurs… L’Histoire est pleine de ces épisodes assez douloureux qui ont construit la nation corse. Pour résumer très vite, les enjeux géopolitiques qu’elle représente ont presque toujours placé la Corse sous la dépendance d’un pays voisin. Cela a donné lieu à une richesse culturelle, les influences des « envahisseurs » se révélant aussi dans l’architecture (tours et ponts génois par exemple), les arts et la langue. Aujourd’hui, avec l’Europe, c’est le moment de mettre en pratique la phrase de Paul Valéry pour qui « l’existence des voisins est la seule défense des nations contre une perpétuelle guerre civile ». Dont acte avec la PEV (politique européenne de voisinage), dont l’objectif est de sécuriser les États membres par un « cercle d’États amis » qui ne seront pas intégrés à l’UE dans le moyen terme. A la demande de la France, l’initiative s’est développée depuis 2003 : destinée à l’origine aux pays confinant avec les nouveaux entrés à l’Est, elle fut ensuite étendue aux pays du sud de la Méditerranée (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Israël, Autorité palestinienne, Liban, Jordanie, Syrie), cela afin de pouvoir mieux gérer les relations avec ces pays voisins, notamment les accords de partenariats et de coopération avec les pays de l’Est, accords d’association avec les pays du Sud. C’était avant les printemps arabes. Le plan de route 2012-2013 a donc réaffirmé la résolution d’édifier des démocraties solides et de promouvoir les droits de l’homme et les libertés. Les coopérations à tous niveaux ne peuvent donc se faire que dans un climat politique et social pacifié, et conformes aux normes et standards de l’UE.
La fête des voisins
Un seul principe « chacun amène un petit quelque chose ». Les associations de quartier et comité des fêtes de village ont fort affaire en dehors des événements estivaux et messes de Noël, il y a aussi la fête des voisins. Grand rendez-vous d’avant l’été, elle est organisée le dernier vendredi du mois de mai, soit l’année prochaine le 31 mai. Cela sera la 14e édition. L’année dernière la fête avait été relayée en France par 944 mairies et bailleurs sociaux partenaires. Plus de 7 millions de Français y ont participé. En 2011, la nouveauté était que ce moment festif et convivial sortait des immeubles, quartiers et villages pour s’exporter sur les lieux de travail et les maisons de retraite. Le point de départ de ce concept qui fait des émules est l’association « immeubles en fête » et l’initiative d’Atanase Périfan(1). Cocorico, cette fête aujourd’hui mondiale, dépassant même les frontières de l’Europe (1.100 villes européennes y participent) jusqu’au Canada, en Turquie, en Ukraine, au Japon, au Togo, est d’origine française. Le but est de permettre à des voisins de se rencontrer de façon conviviale, afin de rompre l’isolement, qui caractérise notamment les villes, et de tenter de créer un sentiment d’appartenance au quartier, au village. D’aucuns diront qu’il est dommage qu’il faille cela pour rencontrer ses voisins, mais le mieux vivre ensemble, ça commence aussi par là. La convivialité et solidarité de proximité, tout un programme. Et puis c’est aussi un bon prétexte pour faire la fête.
Maria Mariana
(1)Elu parisien créateur de la « Fête des voisins »