Le parcours, peu commun, subi par l’Ajaccienne Angèle Colombani pour obtenir un acte de naissance introuvable, aurait pu, d’ordinaire, avoir sa place dans la rubrique "macagna" des "Putachji di Carl’Antò". Mais au regard de la gravité d’une situation qui s’embourbe depuis plusieurs mois, elle mérite d’être relatée...
Tout commence en mai dernier. Angèle Colombani, 85 ans, est locataire de l’un des trois appartements d’une vieille maison située à quelques pas du collège des Padules, route d’Alata à Ajaccio. Elle s’aperçoit, un matin, en vérifiant ses relevés de compte, que la retraite complémentaire (700 euros par trimestre) qui lui est versée depuis le décès de son mari, soit plus de vingt ans, n’apparaît plus depuis janvier. Alertés, ses enfants écrivent aussitôt à l’organisme. Lequel répond "...Nous sommes tenus de vérifier la situation de nos allocataires. Nous vous avons adressé un courrier. Sans réponse de votre part, nous avons été contraints de suspendre tout règlement." Le fait est qu’Angèle avoue n’avoir jamais reçu le dit courrier. "Je suis très méticuleuse et je garde tous mes papiers, rappelle l’Ajaccienne, je n’ai rien reçu et ne comprend pas ce qui m’arrive..." Par courrier interposé, l’organisme demande toutefois, afin de rétablir la situation, un RIB ainsi qu’un extrait d’acte de naissance. Jusqu’ici, aucun problème majeur.
Un périple de plusieurs mois
Mais les ennuis commencent quand Angèle native, en 1926, de... Vintimille, écrit au Service Central de l’Etat Civil du Ministère des Affaires Etrangères, à Nantes, afin d’obtenir son précieux feuillet. La réponse est surprenante : "...L’acte de naissance dont vous demandez la délivrance ne figure pas dans les archives du Service Central de l’Etat Civil...Les ressortissants étrangers doivent s’adresser aux autorités locales ou consulaires de leur pays..." Italienne de naissance, l’Ajaccienne est arrivée en Corse en 1932. Quatre ans plus tard (1936), elle bénéficie, par filiation, de la nationalité française. Joseph Gradis, son père, demande et obtient, en effet, la naturalisation. Enfin, pour couronner le tout, Angèle épouse, en 1946, Antoine Colombani. Autrement dit, elle est, bel et bien, française. Et sa naissance doit forcément être répertoriée quelque part sur le territoire. Sachant, en outre, qu’elle n’a plus bougé de son domicile, route d’Alata, depuis...1946 ! "On ne comprend pas trop cette situation, rappelle Josette, l’un de ses cinq enfants, on nous envoie courrier sur courrier et la situation se complique." Il va de soi, d’une lettre à l’autre, que l’affaire perdure depuis mai dernier et reste encore dans le flou. Le 5 août, les enfants d’Angèle se sont décidés à écrire à Vintimille, son lieu de naissance, espérant avoir enfin une trace. Mais, depuis cette date, toujours rien. "Au total, rappelle Josette, cela fait plusieurs mois que nous sommes dans l’attente. On écrit, et à chaque fois, quelque chose manque au dossier. Maintenant, on nous demande un décret de naturalisation. Tout cela pour un prétendu courrier qui n’est jamais arrivé au domicile de notre mère. C’est à n’y rien comprendre. Un véritable parcours du combattant pour avoir un extrait de naissance que personne ne trouve..." Entre-temps, les semaines défilent et, pour l’heure, le préjudice subi par Angèle Colombani, qui perçoit une faible retraite, est évalué à près de 3000 euros. Inutile de préciser ce qu’il serait advenu de cette ajaccienne sans le soutien de ses enfants, qui prennent en charge, depuis plusieurs mois, toutes les démarches nécessaires au rétablissement de cette situation...
Joseph Albertini