Manc’a vergogna !
Rien ne va plus aux CFC. La grève de ces jours derniers n’est qu’un épisode de plus d’un triste feuilleton qui a débuté avec les précédentes mandatures territoriales et qui se poursuit aujourd’hui.
Les Chemins de fer de la Corse sont la propriété de la Collectivité territoriale et, depuis 2001, dans le cadre d’une délégation de service public, celle-ci a confié l’exploitation du réseau à la SNCF. Cette délégation doit être renouvelée. La SNCF et pourquoi pas d’autres opérateurs pourraient être sur les rangs. L’enjeu pour la Corse est loin d’être mineur. Historiquement, socialement et économiquement, les CFC, ce n’est pas rien. Au début des années 1960, les Corses se sont mobilisés pour conserver leur chemin de fer. Les CFC salarient environ 230 agents. Les quelques 230 kilomètres de lignes sont un atout touristique important et constituent un outil majeur de développement durable.
Le cénacle SNCF et les autres
Malgré cela, rien ne va plus aux CFC. La grève observée ces jours-ci par les cheminots CGT, n’est qu’un épisode de plus d’un triste feuilleton qui a débuté avec les précédentes mandatures territoriales et qui se poursuit aujourd’hui. Les malheurs du chemin de fer corse et de ses personnels, c’est comme « Plus belle la vie », cela ne finit jamais. Au plan juridique et social, c’est « borderline ». L’établissement corse est géré comme un établissement SNCF - d’ailleurs la grande majorité des cadres supérieurs est continentale et SNCF « pur jus » - mais cette société a toujours refusé de le reconnaître en tant que tel. Ce qui permet une gestion des personnels a minima, arbitraire et déconnectée des réalités. Ainsi, hormis le cénacle des cadres SNCF, le reste du personnel, presque exclusivement d’origine corse, ne bénéficie pas des avantages et garanties du statut SNCF. De plus, les syndicalistes ont maintes fois dénoncé des pratiques antisociales : sanctions contestables, harcèlement moral et diverses pressions, chasse aux sorcières… Quant aux tests de recrutement ou servant à évaluer les agents, ils relèvent de situations d’exploitation applicables aux grands réseaux européens et sont mis en œuvre, la compétence ne pouvant bien entendu être insulaire, par de brillants psychologues venus du Continent.
Scandale grandiose
Au plan de l’exploitation, cela ne va pas mieux. Les missions de service public sont honteusement bâclées. Or, hormis les syndicalistes, nul ne semble vraiment s’en inquiéter. Pourtant le scandale est plus que conséquent, il est énorme, voire même grandiose. Les nouveaux autorails AMG 800 croupissent dans les dépôts, sur fond d’expertises et contre expertises concernant leurs dysfonctionnements avérés ou supposés. Le matériel roulant existant est à bout de souffle et, malgré les problèmes relevés depuis plus de deux ans sur les AMG 800, nul ne s’est préoccupé de le faire rénover comme le prévoyait pourtant la délégation de service public. Ainsi, cet été, notre région qui se targue de relever du tourisme qualitatif et du développement durable, n’offrira que de deux liaisons ferroviaires quotidiennes Ajaccio / Corte / Bastia, assurées par des rames vétustes. Beau résultat que celui-là après des années de travaux de rénovation des gares et voies qui ont englouti plus de 170 millions d’euros, soit l’équivalent d’au moins 17 déviations de Bogognano ! « Gestion coloniale » affirme la CGT, en évoquant l’action de la SNCF. Difficile de la contredire. « Manc’a vergogna » assénait, lors de la campagne électorale de mars 2010, l’actuel président de la Collectivité territoriale quand il abordait la question du transport ferroviaire. Il avait raison. Le problème est que plus d’un an après, rien n’a changé…
Alexandra Sereni