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Charcuterie corse

jeudi 2 juin 2011, par Journal de la Corse

Charcuterie corse

Une exigence de qualité et de transparence

Dans le cochon tout est bon, surtout « s’il est de chez nous » et « travaillé comme chez nous ». C’est l’avis exprimé par les consommateurs insulaires.

L’AREP (Association régionale des éleveurs de porcs) est bien connue dans le milieu agricole. Depuis quatre ans, elle organise, à Frasseto, « A Fiera di i purcaghji ». Cet événement représente un rendez-vous professionnel, commercial, festif et convivial associant les producteurs, les institutionnels et les consommateurs, et apparaît aussi comme une vitrine des savoir-faire traditionnels de l’élevage porcin et de la production de charcuterie. L’AREP est aussi à l’initiative d’un combat difficile : dans le milieu opaque de la filière porcine et de la « charcuterie corse », elle agit pour l’instauration d’un Label Rouge et une organisation des producteurs. C’est d’ailleurs dans le cadre de ce combat qu’elle a commandé une enquête auprès des consommateurs de viande porcine et de charcuterie, portant sur leurs comportements et leurs attentes. L’enquête a été conduite dans les règles de l’art. Axée sur un panel de 400 personnes, (résidant pour la plupart en Corse), elle a été réalisée au moyen d’un questionnaire. Les résultats indiquent clairement un faible engouement pour la grande distribution et une demande forte d’identité, de qualité et de traçabilité des produits.

Une envie d’y voir clair

Concernant la consommation de « charcuterie corse » (salame, coppa, prisuttu, figatellu, lonzu), il ressort qu’aucun de ces produits n’était vraiment pas plus prisé que d’autres. En revanche - on s’en doutait un peu d’ailleurs – il a été observé que leur consommation restait très saisonnière. Il a aussi été constaté que 38 % des consommateurs appréciaient particulièrement l’achat de « charcuterie corse » aux producteurs, qu’un quart d’entre eux le faisaient sur les marchés, que 14 % accordaient leur confiance à leur charcutier et que seulement 8 % s’approvisionnaient dans les grandes ou moyennes surfaces. C’est clair, la plupart des consommateurs corses aiment acheter « le cochon «  » en dehors de la grande distribution. Toutefois, le plus grand enseignement a été que beaucoup de personnes enquêtées sont en recherche d’identité, de qualité et de traçabilité des produits. Si 66 % d’entre elles jugent « bonne » la « charcuterie corse » et 53 % estiment que le rapport qualité / prix est plutôt satisfaisant, 67 % regrettent une « origine confuse » des produits. Il se dessine d’ailleurs une attente forte de traçabilité des matières premières et de contrôle de la fabrication. Près de 100 % des personnes enquêtées souhaitent une codification, un contrôle et une transparence garantissant l’origine identitaire des matières premières et le caractère traditionnel de la fabrication. Il a été aussi révélé que les consommateurs ont conscience de l’existence de plusieurs qualités de produits. Plus de 90 % d’entre eux demandent d’ailleurs que l’on puisse identifier les produits et affirment accepter des différences de prix en fonction de la qualité et de l’identité de l’offre. En définitive, l’enquête conforte la démarche de l’AREP en faveur d’une certification (Label rouge) et d’une organisation des producteurs. Elle traduit aussi un ras-le-bol croisant à l’encontre des « petits malins » et des « bricolos » qui font leurs affaires sur le dos des professionnels et - de vous et moi - en produisant et commercialisant (à prix d’or) « n’importe quoi » venu de « n’importe où », et contribuent ainsi à déprécier le « nustrale » ou même les productions semi industrielles de qualité. Bref, les consommateurs veulent y voir plus clair.

Alexandra Sereni

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