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Cannabis : pour la légalisation !

jeudi 25 octobre 2012, par Journal de la Corse

L’application des textes prohibant le trafic, la vente et la détention de cannabis est d’une grande inefficacité. Tirons-en les conséquences.

Le Premier ministre a opposé un non ferme à la dépénalisation du cannabis. Je considère qu’il a tort de fermer la porte à un débat qui, selon moi, devrait d’ailleurs porter sur la légalisation. En effet, bien que n’étant pas favorable à la consommation de cette « drogue douce », je considère urgent d’en organiser juridiquement la libre consommation. Et ce, pour des raisons budgétaire, économique, sociétale, sociale et sécuritaire. Au plan budgétaire, combattre le trafic coûte cher et s’avère inefficace. Pour s’en convaincre, il n’est point besoin de se rendre dans le 9.3 ou dans les quartiers nord de Marseille. Une sortie de lycée bien de chez nous, le nez au vent autour d’une avant-boite bastiaise ou ajaccienne, une halte sur un banc public ou même une soirée entre amis se targuant de « vivre dans leur siècle », permettent d’acquérir la solide conviction que le cannabis n’a plus rien, au plan sociétal, d’un interdit, et que pour un dealer ou un consommateur contrarié par la police et éventuellement la justice, il en est dix qui commercent et mille qui fument.

300 M€ pour 80.000 interpellations

L’application des textes prohibant le trafic en gros, la vente au détail et la détention de cannabis s’avère donc être d’une grande inefficacité. Or cette application nécessite d’importants moyens humains et matériels, d’où de lourdes dépenses pesant sur le budget de l’Etat. Selon un économiste, la France dépenserait annuellement 300 millions d’euro pour interpeller 80.000 personnes. De plus, cette application contribue à stigmatiser des quartiers et des populations, les premiers étant présentés comme « difficiles », les deuxièmes étant assimilées à de la « racaille » ou à des adeptes de l’économie parallèle essentiellement alimentée par le trafic de stupéfiants. En effet, alors que l’on identifie des consommateurs de cannabis dans toutes les couches de la société, seules certaines populations sont vraiment la cible des forces de l’ordre. Les contrôles, les interpellations, les mises en examen et les condamnations concernent bien plus souvent les habitants des banlieues, les pauvres et les « basanés », que les résidents des quartiers huppés, les jeunes cadres dynamiques et les bipèdes pensants à la peau claire. La légalisation permettrait de supprimer toutes ces aberrations.

800 M€ / an pour l’Etat

Concernant le cannabis et plus globalement ce qu’on appelle communément les "drogues douces", je suggère sans complexe que la loi prévoit leur vente par les débitants de tabac. J’y vois au moins cinq avantages. La vente réglementée et taxée, comme c’est le cas pour le tabac, contribuerait à la bonne santé économique des buralistes, réduirait le déficit de la Sécurité sociale, ruinerait les dealers, affaiblirait l’économie parallèle et libèrerait la police de tâches improductives. Il faudrait certes veiller à ce que le prix du cannabis ne soit pas trop élevé afin de ne pas susciter du trafic et à mener des campagnes d’information pour alerter sur les risques liés à des consommations trop fortes ou en des circonstances inappropriées (au volant d’une automobile par exemple). Mais, moyennant ces ajustements et selon plusieurs experts, la légalisation pourrait apporter 800 millions d’euro par an dans les caisses de l’Etat. Bien sûr, on me dira que le cannabis « ramollit le cerveau ». C’est vrai. Comme il est vérifié que l’alcool détruit les neurones et que le tabac ravage les poumons…

Alexandra Sereni

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