L’édito d’Aimé Pietri
La Corse, on le sait, a tendance, lors d’élections nationales, à cultiver une certaine spécificité. Ainsi, lorsque le Continent vote à gauche elle met la barre à droite, sans aucun état d’âme, et quand il vote à droite c’est à la Gauche qu’elle fait les yeux doux. Le deuxième tour des élections présidentielles confirme bien l’exception. Ainsi Nicolas Sarkozy a creusé l’écart dans les deux départements qui totalisent deux sénateurs de gauche ainsi que deux députés de la même mouvance. Le président sortant est monté sur la plus haute marche du podium dans des communes où François Hollande aurait dû pourtant battre tous les records. Déjà, on avait été quelque peu surpris en apprenant que Marine Le Pen avait fait un tabac dans des communes se situant à mille lieues du Front National. Créer la différence semble être un des soucis majeurs de cette île qui, par l’originalité de sa faune et de sa flore, de son climat et de ses sites, se distingue déjà, à son avantage, des autres îles de la Méditerranée. Elle est plus arrosée que ses voisines, moins exposée aux séismes et peut se vanter de n’avoir aucune vipère en son sein, à part celles qui se tortillent sur les langues éponymes répandant un venin dont seules les réputations ont à souffrir. On a entendu, on entend encore, un certain nombre d’insulaires qui condamnent sans équivoque le slogan « Arabi fora ! » et répondent à côté lorsqu’ils sont interrogés sur leur position à propos de « Francesi fora ! » On ne fait pas mieux dans l’équivoque. Ni dans la contradiction. C’est pourtant ça la Corse !